Je n’ai pas commis de faute

«  Quant à moi, j’ai demandé à Paul s’il

voulait aller à Jérusalem pour y être

jugé sur cette affaire. Mais Paul a fait

appel pour à la juridiction impériale »

Actes des Apôtres 25,13-21.

 

Quel dommage que la Pentecôte arrive si vite ! Nous n’aurons pas le temps, dans la liturgie de la messe du jour, de lire tout le reste du livre des Actes des Apôtres : les chapitres 21 – 28 sont présentés en moins de quatre jours. J’invite tous ceux qui le peuvent à lire ces chapitres, ils se dévorent comme un roman.

Paul a été arrêté par les Romains. Bien malgré eux, ils le protègent. En effet, d’une part ils ne voient aucun motif de le condamner. Il se rendent compte que la querelle soulevée par Paul n’est qu’une dispute d’idée entre Juifs (cf. la rencontre avec le Sanhédrin (Actes 23,1-11) et avec une délégation de prêtres et d’anciens (Actes 24,1-22 ; 25,1-9) ; ils ont vent, par le propre neveu de l’apôtre, d’un complot meurtrier contre lui (Actes 23,12-22) ; d’autre part, ils apprennent qu’il est citoyen romain et qu’il en appelle à l’empereur (Actes 22,25-29 ; 25,11-12).

Paul était un citoyen romain. On dirait aujourd’hui qu’il avait la nationalité romaine. C’était un privilège qu’il avait sans doute hérité de ses parents. En vertu de ce privilège, il pouvait en appeler à l’empereur et être jugé directement par lui. Cela le soustrayait à ses ennemis et lui donnait aussi l’occasion d’aller à Rome, sous escorte.

Paul est maintenant gardé à Césarée, sur le bord de la mer, car à Jérusalem ses ennemis auraient tout fait pour s’emparer de lui. Aujourd’hui, le récit nous fait part d’un dialogue entre le Gouverneur romain Festus – c’est lui qui parle – et Agrippa, un des petits fils d’Hérode le Grand, venu se présenter au Romain avec sa femme. Festus indique que les Romains n’ont pas envie de s’investir dans la querelle entre Paul et ses adversaires, et que si ça ne tenait qu’à eux, il serait déjà libéré Mais Paul a fait appel à Rome et doit donc y être envoyé.

L’État est dans son rôle lorsqu’il protège les citoyens. Il ne peut imposer à personne une religion, mais il doit permettre que chacun pratique sa religion librement, tant que l’ordre public n’est pas perturbé. C’est ce que faisait l’empire à l’époque de Paul. Viendra le moment où l’empereur exigera d’être adoré. Alors les Chrétiens devront choisir entre Dieu et l’empereur et beaucoup préfèreront le martyre à l’idolâtrie.

À travers ce long épisode de près de deux ans, nous voyons comment Dieu conduit la mission et prépare l’accomplissement de la mission de Paul : « Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il fut que tu le rendes aussi à Rome » (Actes 23,11). Tour concourt à cela, les épreuves, les échecs, les mauvais coups des hommes… Le plan de Dieu se déroule sans failles. Ce ne sont pas les Judas ni les Caïphe qui ont la main sur la vraie vie du monde. « Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jean 16,33).

Aujourd’hui, l’Eglise célèbre la fête de Saint Paul VI. Giovanni Baptista Montini (1897 – 1978) fut en effet ordonné prêtre le 29 mai 1920, il y a cent ans aujourd’hui. Au moment de son élection comme successeur de Pierre, il avait pris le nom de Paul, pour désigner la dimension missionnaire de son ministère d’évêque de Rome « qui préside à la charité des Églises ». Il fut le premier pape à se rendre à New York, symbole de la terre rassemblée, au siège des Nations Unies, où il déclara : « Et tel le messager qui, au terme d’un long voyage, remet la lettre qui lui a été confiée: ainsi Nous avons conscience de vivre l’instant privilégié, – si bref soit-il – où s’accomplit un vœu que Nous portons dans le coeur depuis près de vingt siècles. Oui, vous vous en souvenez. C’est depuis longtemps que Nous sommes en route, et Nous portons avec Nous une longue histoire; Nous célébrons ici l’épilogue d’un laborieux pèlerinage à la recherche d’un colloque avec le monde entier, depuis le jour où il Nous fut commandé:  » allez, portez la bonne nouvelle à toutes les nations! « . Or c’est vous qui représentez toutes les nations. » (Discours à l’ONU, 4 octobre 1965).

Seigneur Jésus, nous te remercions parce que tu nous donnes de vivre dans un pays qui respecte les croyances et protège tout le monde, sans tenir compte de la religion. Que cela nous donne l’occasion de vivre en plein accord avec ta Parole, de te plaire en toutes choses, de vivre partout et toujours le témoignage missionnaire que tu m’as confié et d’être toujours prêts à rendre compte de notre foi si des adversaires nous le demandent, comme l’indique l’apôtre Pierre (cf. 1 Pierre 3,15).

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane