Je vous donnerai des pasteurs selon mon coeur

PREMIERE LECTURE

VENDREDI, SEIZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE

 

« Je vais vous prendre, un par ville, deux par clan, et vous faire venir à Sion. Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur ; ils vous conduiront avec sagesse et intelligence »

Jérémie 3,14-17.

Parce que nous venons d’avoir deux fêtes successivement, Ste Marie-Madeleine et Ste Brigitte de Suède, nous n’avons pas lu les deux premiers textes du prophète Jérémie. En effet, la lecture de ce prophète a normalement commencé jeudi dernier, et se poursuivra jusqu’au jeudi de la 18ème semaine du temps de l’Eglise (dit « temps ordinaire »). Je vous invite donc, comme à mon habitude, à lire au moins l’introduction à Jérémie qui se trouve dans votre Bible. Gardez-là toujours près de vous

Jérémie a vécu environ un siècle après Isaïe. Il a commencé son ministère de prophète vers 626 avant J.C. jusque vers 586 avant J.C., un an après la catastrophe de l’invasion babylonienne, la destruction du temple et l’Exil de milliers de ses concitoyens ; il a vu venir cette catastrophe, il n’a pas pu l’empêcher. Il l’a annoncée, à son corps défendant. Cf. Jérémie 7,8-15 ; 18,13-17 ; 21,3-10 ; 25,1-14 ; 26,1-6.

Avant que tout cela n’arrive, les oracles du prophète Jérémie avaient soufflé le chaud et le froid. Tantôt ils profèrent des menaces, car ils voient les conséquences dramatiques que provoquent les péchés du peuple et de ses pasteurs. Tantôt il affirment la volonté de Dieu de sauver les siens, un par un, deux par deux, et tous, finalement, car c’est vraiment pour la vie et le bonheur qu’ils a créé les êtres humains, et non pour le malheur et pour la mort : voir Deutéronome 30,15…16 : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras… »

Aujourd’hui, la liturgie nous présente un texte du chapitre 3 de Jérémie annonçant le salut que Dieu promet à son peuple. Le début de l’Oracle (Jérémie 3,11) parle d’Israël, qui, à l’époque de Jérémie, n’existait plus comme état. Il avait été détruit par les Assyriens un siècle plus tôt, en 721 avant J.C. Jérémie adresse alors à ceux qui ont subi la défaite un message d’encouragement. Il y a un temps pour tout : un temps pour avertir, un temps pour menacer, et un temps pour réconforter et rasséréner : ce que Dieu veut vraiment, c’est nous rassembler et nous sauver : « En ce temps-là, on appellera Jérusalem ‘Trône du Seigneur. Toutes les nations convergeront vers elle, vers le nom du Seigneur, à Jérusalem… » (Jérémie 3,17).

On comprend alors que le désir de Dieu n’est jamais de nous faire mourir, de nous mettre dans le malheur, mais au contraire de nous protéger, de nous donner des conditions de vie meilleurs, avec des responsables, des pasteurs « selon son cœur », qui prennent soin de nous.

Enfin, on comprend que notre responsabilité est engagée à la fois quand nous sommes sanctionnés par les conséquences de nos fautes et lorsque que le Seigneur vient à notre aide : il a besoin de notre collaboration. Dieu ne peut pas nous sauver sans notre accord, il respecte trop notre liberté : « Revenez, fils renégats – Oracle du Seigneur ; c’est moi qui suis votre maître » (Jérémie 3,14). Il y a ici un énorme mystère. Nous ne pouvons rien faire sans Lui, mais lui, de même, ne peut pas nous sauver sans que nous acceptions son œuvre et que nous y collaborions par notre obéissance !

Seigneur Jésus, nous avons été créés à ton image par un Dieu Père dont l’amour est immense, mais totalement respectueux à notre égard. Aide-nous à vivre, comme toi, dans une totale obéissance à sa volonté de salut, et à y trouver notre liberté et notre paix intérieure. Et nous te prions enfin pour nos pasteurs, afin qu’ils demeurent toujours selon ton cœur.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane