PREMIERE LECTURE 

FÊTE DE SAINT JACQUES LE MAJEUR – 25 JUILLET

 

« Frères, nous, les Apôtres, nous ressemblons à des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur ; ainsi, on voit bien que la puissance extraordinaire que nous avons ne vient pas de nous mais de Dieu.  »

2ème lettre aux Corinthiens 4,7-15.

Nous célébrons aujourd’hui la fête de Saint Jacques le majeur, le frère de Jean, le fils de Zébédée (Marc 3,17), un des douze apôtres de Jésus. Il était l’un des trois que Jésus prenait facilement à part, pour aller chez Jaïre (Marc 4,37) pour la Transfiguration (Luc 9,28) et à l’Agonie notamment (Matthieu 26,37). Il versa son sang pour le Christ en 44 après J.C. (cf. Actes 12,2). Jacques, comme Jean, désire la première place auprès du Maître (Mc 10,37). Il y gagnera l’annonce de son martyre : « Ma coupe, vous la boirez » (Mc 10,39). De même quand il veut faire tomber le feu du ciel sur le village inhospitalier (Lc 9,54), ce fils du tonnerre (cf. Marc 3,17) s’attire une réprimande. Jésus ne ménage pas ceux à qui il accorde sa confiance privilégiée.

Pour le reste, nous ne savons pas grand-chose de lui. C’est ainsi que les apôtres ont construit l’Eglise : dans l’humilité et la fidélité au Christ ainsi que l’apôtre Paul le décline : « nous ressemblons à des gens qui portent un trésor dans des poteries sans valeur… » Jésus, en effet, n’a pas choisi ce qu’il y avait de grand dans le monde, mais il nous a choisis nous, ses pauvres serviteurs, qui sommes à la fois des amoureux de Dieu – sinon, nous ne serions pas là, je ne serais pas là ! – et des gens aux multiples défauts, qui ont à se convertir chaque jour. Jacques fut le premier des Apôtres à donner sa vie pour le Christ, en 44 après J.C., comme Jésus l’avait prédit (cf. Marc 10,39).

La deuxième lettre de Paul aux Corinthiens révèle les grandes difficultés qui ont assailli Paul dans sa relation avec la communauté chrétienne de Corinthe. C’est « un écrit de combat et de persuasion » (Introduction de la TOB), dans lequel Paul défend son apostolat face à des adversaires. Il avait accompli une visite douloureuse, puis écrit « une lettre dans les larmes » (cf. 2 Corinthiens 2,4 ; 7,8-12), avant de leur envoyer ce courrier, à la fois rassurant et parfois douloureux, suite à une visite de son disciple Tite pour rétablir le contact. De ces relations difficiles, Paul a tiré des leçons, essentielles pour tout apôtre.

La première est une leçon d’humilité. Ce qui s’est passé a considérablement touché Paul et l’a conduit à une attitude d’humilité profonde. Il manifeste une grande conscience de sa propre fragilité : « nous portons un trésor comme dans des vases d’argile » (2 Corinthiens 4,7) Nous sommes si enclins à nous vanter, à nous trouver meilleurs que beaucoup d’autres qu’il nous faut bien des humiliations pour parvenir à l’humilité. Nos péchés nous humilient, nos échecs également, l’incompréhension de nos plus proches nous est terrasse parfois (2 Corinthiens  4,9).

La deuxième est une leçon de gratitude : tout contribue à la réalisation du plan de salut de Dieu : tout, et donc les épreuves de l’apôtre : « la mort de Jésus fait son œuvre en nous et la vie en vous » (4,12). C’est beau de lire que l’Apôtre se réjouit de voir le salut atteindre ses amis même au cœur de ses propres épines et incompréhensions. Il comprend que qui est beau vient de Dieu ! C’est à lui, et là lui seul, que nous devons l’honneur, la gloire et la puissance. Lui rendre grâce chaque jour parce que sa puissance se déploie dans notre faiblesse devrait être un élément constant de notre prière. Et c’est pourquoi nous nous réjouissons que « la grâce, plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l’action de grâce pour la gloire de Dieu » (4,15).

La troisième concerne l’imitation du destin de Jésus, dont l’apôtre fait l’expérience. Je pense à mes frères prêtres, mais aussi à vous tous. les disciples de Jésus, et particulièrement les apôtres les responsables découvrent peu à peu que suivre Jésus, c’est suivre son chemin de croix : le rejet, l’injustice, la persécution. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean 15,13). Ce fut le chemin de Paul, et particulièrement, il y a peu, de celui que l’Eglise proclame saint maintenant : le pape Paul VI. Il a tant aimé et tant souffert pour l’Eglise !!!

Quand je lis cela, je pense à mes frères prêtres, et je vous remercie de beaucoup prier pour eux. Ce que Paul a vécu avec les Chrétiens de Corinthe, beaucoup le vivent. Nous sommes, nous aussi, des vases d’argile ! Priez pour nous ; et nous le savons, « Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus » (4,14), après nous avoir pardonné nos misérables péchés, « comme à travers le feu » (1 Corinthiens 3,15).

Seigneur Jésus, nous te remercions de nous avoir choisis, d’avoir fait de nous tes disciples, non pas en dépit mais avec nos défauts aussi bien qu’avec les talents reçus de toi ! Fais nous grandir, chaque jour, dans l’humilité et la reconnaissance.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane