Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau !

PREMIERE LECTURE

DIX-HUITIEME DIMANCHE DU TEMPS DE L’EGLISE – A

 

« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! 

Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer,

venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.

Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,

vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? »

Isaïe 55,1-3.

En ce 18ème dimanche du temps de l’Eglise, l’Evangile de la multiplication des pains est introduit en première lecture par cette magnifique invitation de Dieu délivrée par le prophète Isaïe : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez… »

Elle décrit la superbe générosité de Dieu. Toute la nature est pour nous. Dans le deuxième récit de création (Genèse 2,4-19), l’auteur affirme que la nature (herbe, végétaux, animaux) ont été créés pour nous ! Nous qui avons la chance d’habiter la Guyane, il nous suffit de regarder le ciel, la forêt, les fleuves et tous les animaux pour comprendre à quel point Dieu a fait pour nous des merveilles.

En même temps tout me parle de Dieu : Je le vois en regardant l’eau des rivières, les hordes de cochons bois et les bancs de poissons, les manguiers et tous les arbres fruitiers. Cette profusion, cette abondance, cet équilibre où tout à un sens, même si moi, je ne saisis pas tout, tout me parle de la beauté, de la grandeur, de l’intelligence et de la sagesse de Dieu. Le premier regard que je porte sur la création est un regard SACRAMENTEL, en ce sens que tout est SIGNE de DIEU, de sa PUISSANCE et de sa BONTE.

Le second regard doit être un regard EUCHARISTIQUE, un regard qui dit MERCI. C’est le sens du mot grec « Eucharistie » : « action de grâce ». je me dois de dire merci à Dieu, c’est la seule manière d’approcher la nature de façon raisonnable, comme un cadeau reçu, pour lequel je dis merci et que je dois respecter avec de respecter le donateur. User de la création, sans avoir dit merci à Dieu, c’est s’exposer à en faire mauvais usage. Nous le voyons tous les jours.

Si je dis merci à Dieu, c’est pour la beauté et la profusion de la création, mais c’est aussi parce que tout, dans la nature, est GRATUIT ! Dieu n’est pas dans une logique commerciale, affairiste, financière, il ne cherche pas à tirer profit de ce qu’il a fait. Tout est pour nous, gratuitement, à commencer par l’eau, mais sans limite ! Sauf une, il est vrai : nous ne sommes pas propriétaires. Nous sommes gardiens (cf. Genèse 2,15) ; nous pouvons tout utiliser, mais sans rien accaparer. Nous ne sommes pas non plus les maitres de la vérité de choses ; l’arbre de la connaissance du bien et du mal marque la limite, en effet. « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Corinthiens 3,23).

Seigneur Jésus, de bien des manières la société dans laquelle je vis me tente de chercher à toujours recevoir et à demander sans cesse. Apprends-moi, avec toi, à tout donner et à me donner moi-même afin de pénétrer dans ta maison où tout sera gratuit et dépassant toutes mesures. Pourquoi continuer de me fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane