Alors le prophète Ananie enleva le joug du cou de Jérémie

PREMIERE LECTURE

LUNDI, DIX-HUITIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« Le prophète qui annonce la paix

n’est reconnu comme prophète

vraiment envoyé par le Seigneur,

que si sa parole s’accomplit. »

Jérémie 28,1-17.

Pour bien comprendre la lecture d’aujourd’hui, il faut d’abord lire le chapitre 27 de Jérémie. Nous sommes en 593 avant J.C. Sédécias est aux affaires depuis quatre ans, mais il est sous la coupe de Babylone, dont les armées sont déjà venues à Jérusalem en 597.  Elles ont emporté à Babylone les vases sacrés du Temple et ont déporté une bonne part de l’élite juive de la capitale (Cf. 2 Rois 24,10-17). Quatre ans plus tard, des ambassadeurs de Moab, Édom, Ammon Tyr et Sidon se rassemblent à Jérusalem dans le but de comploter contre Babylone.

Dieu envoie alors Jérémie réaliser un nouveau geste prophétique. Il se fabrique des liens et des barres de joug qu’il met à son cou pour avertir ces ambassadeurs que leur projet est une folie (27,2-11). Jérémie dénonce les faux prophètes qui prédisent la victoire : « C’est faux, ce qu’ils vous prophétisent, aussi vous éloignent-ils de votre terre ; oui, je vous disperserai et vous périrez. En revanche, la nation qui accepte de placer son cou sous le joug du roi de Babylone et de le servir, je la laisse tranquille sur sa terre – oracle du Seigneur » (27,10-11).

Le prophète Ananie vient alors contredire Jérémie devant le roi Sédécias. Nous sommes au début du chapitre 28, notre lecture de ce jour : « Ainsi parle le Seigneur de l’univers, le Dieu d’Israël : ‘j’ai brisé le joug du roi de Babylone ! dans deux ans, jour pour jour, je ferai revenir en ce lieu tous les objets de la maison du Seigneur… » (28,2-3). À l’époque de Jérémie, comme à la nôtre, on assistait à une « guerre des prophètes ». Des gens se réclamant de Dieu annonçaient toute une série d’événements, heureux ou malheureux selon les cas.

Qui croire ? Car des prophètes ou qui se disent tels, il y en a beaucoup, et tous se disent crédibles. Qui croire ? Jérémie donne une clé de lecture étonnante : « Le prophète qui annonce la paix n’est reconnu comme prophète vraiment envoyé par le seigneur que si sa parole s’accomplit » (28,9). Les prophètes qui annoncent la paix sont probablement plus enclins à aller dans le sens du peuple et des rois gens que dans celui de Dieu : ils disent ce que les oreilles humaines – surtout celles des puissants – ont envie d’écouter.

En 587, Le Roi de Babylone revint en personne, détruisit la ville, incendia le Temple, abattit les remparts et déporta tous ceux qui étaient restés dans la ville (cf. 2 Rois 25,8-21). Jérémie était le vrai prophète.

Alors, toi qui me lis, comprends bien ce que dit le prophète que tu écoutes. Si ce qu’il te dit te permet de continuer à vivre comme d’habitude, sans te demander de changer ta vie pour devenir une sainte ou un saint, alors, ne l’écoute pas ! C’est un prophète qui n’a pas été envoyé par Dieu. Au contraire, le prophète qui t’appelle à faire la guerre, dans ta vie, à ce qui déplait à Dieu, celui-là a été choisi par Dieu pour te sanctifier. Ecoute-le, et fais ce qu’il te dit !

Seigneur Jésus, donne-moi la sagesse. Que je puisse discerner celui qui m’invite à être saint comme tu es saint, car c’est lui que tu m’as envoyé. Que je puisse refuser celui qui me fait croire que les autres doivent changer et non pas moi, car il ne vient pas de ta bonté.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane