Ecris dans un livre tous les paroles que j’ai dites

PREMIERE LECTURE

MARDI, DIX-HUITIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« Oui, comme un ennemi je t’ai blessée – sévère correction ! Sur la masse de tes fautes, tes péchés n’ont cessé de s’accroitre. Qu’as-tu à crier à cause de tes blessures, ta peine est incurable. Sur la masse de tes fautes, tes péchés n’ont cessé de s’accroitre. C’est pourquoi je t’ai infligé cela. »

Jérémie 30,1-2.12-15.18-22

Il y a eu au moins trois périodes dans la vie de Jérémie. La première, lorsqu’il croyait encore que son peuple pouvait se convertir et rester sur sa terre. Depuis le début de son ministère (629 avant J.C. ? jusqu’à 605). Pendant cette période, le roi Josias avait organisé une grande réforme politique et religieuse. Il avait repris pied dans l’ancien royaume de Samarie (cf. 2 Chroniques 34,6-7). Il avait restauré et purifié le Temple de Jérusalem (Rois 22,1 – 23,25). Il avait remis en valeur la Loi de l’Alliance, trouvée dans une muraille du Temple (2 Rois 22,8 – 23,3). Jérémie avait dû soutenir cette politique nationale et religieuse, et promis la restauration du royaume du Nord (Israël), détruit par les Assyriens un siècle plus tôt, en 721 avant J.C (Cf. 2 Rois 17,1-41).

La deuxième période commence après la mort tragique du roi Josias, en 609 avant J.C. ses successeurs ne continuent pas son œuvre religieuse et Jérémie est alors devenu convaincu que seule une grave défaite amènerait le peuple à revenir à l’Alliance de Dieu. C’est le moment où il annonce la ruine du temple. Finalement, il devient le témoin d’une première invasion babylonienne en 597 avant J.C., suivie d’une première déportation (cf. 2 Rois 24,8-17) et de la catastrophe finale qu’il avait annoncée, en 587 avant J.C. (2 Rois 25,1-30).

C’EST LE MOMENT POUR VOUS, CHERS AMIS D’ECOUTE ISRAËL, DE FEUILLETER LE DEUXIEME LIVRE DES ROIS ET DE SITUER L’HISTOIRE, TELLE QUE JEREMIE L’A VECUE ET COMMENTEE, AU NOM DE DIEU.

La troisième période de l’activité du prophète, plus brève, commence avec la ruine de Jérusalem (587 avant J.C.), la destruction du Temple, et le deuxième vague de judéens entrainés en exil. Maintenant le peuple est frappé, meurtri, blessé dans sa chair et dans son cœur. Il a perdu son indépendance, son roi et son temple. Tout ce que Dieu lui avait promis. Il se demande ce qui a pu se passer, il peut même douter de la bonté de Dieu. Alors Jérémie le réconforte. Il l’amène à reconnaitre son péché, et à voir que c’est son péché qui est la cause de ses malheurs et non pas Dieu. S’il avait obéi, il aurai été plus fort, plus uni, mieux capable de relever les défis.

Une fois châtié en raison de ses fautes, le peuple pourrait désespéré. Le rôle du prophète devient alors double : il doit expliquer, une fois encore, que Dieu n’abandonne pas son peuple, qu’il n’est pas responsable du malheur, que la catastrophe ne veut pas dire que le Dieu d’Israël et de Juda est moins puissant que les dieux babyloniens, d’une part. D’autre part, il doit annoncer précisément que Dieu n’abandonnera pas sn peuple mais le sortira du malheur et le rétablira dans son pays et son indépendance : « Voici que je vais restaurer les tentes de Jacob, pour ses demeures j’aurai de la compassion ; la vielle sera rétablie sur ses ruines… » (Jérémie 30,18). Ézéchiel continuera ce ministère de réconfort.

Les malheurs d’Israël et de Juda ne sont pas tous la conséquence des erreurs et des péchés du peuple. Mais le contraire est vrai : tous ses péchés, ses infidélités à Dieu et ses injustices sociales n’ont pu apporter que des difficultés et des déboires. Alors, il a bien fallu qu’il s’assoie pour réfléchir. La méditation, le regard en vérité sur sa responsabilité dans la défaite lui évita de reporter sur les autres et sur Dieu la responsabilité de la catastrophe. Il a été aidé en cela par le prophète Jérémie et quelques autres.

Nous vivons une histoire semblable. Nos erreurs, nos injustices, notre corruption, nos infidélité à Dieu et en famille ne nous apportent que des déboires et des désillusions. La Parole est là pour éclairer notre vie. accueillons-là. Et Dieu qui pardonne tout, nous donnera, avec le courage de reconnaître nos fautes, la chance de reprendre pied et de repartir dans la confiance.

Seigneur Jésus, toi qui fais tout tourner pour notre bien, tu utilises même nos fautes pour nous faire progresser. Donne-moi le courage de regarder en face ce qui, dans ma vie, me conduit aux impasses, et dans ta bonté, redirige moi vers le bien.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane