Je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme

PREMIERE LECTURE

FÊTE DE LA TRANSFIGURATION DU SEIGNEUR – A

 

« Je voyais venir, avec les nuées du ciel

Comme un Fils d’homme… Et il lui fut

donné domination, gloire et royauté ;

tous les peuples le servirent »

Daniel 7,9-10.13-14.

La vision de Daniel anticipe et annonce la Transfiguration de Jésus devant ses disciples. Toute la deuxième partie du livre de Daniel (chapitres 7 à 12) relève d’un genre nouveau, qui n’est plus prophétique mais apocalyptique. Ce genre littéraire codé veut dévoiler (c’est le sens du mot « apocalypse) la victoire finale de Dieu sur toutes les forces du mal. L’apocalyptique est différente du prophétisme en ce sens qu’elle n’appelle plus à la conversion. Elle assure les fidèles de Dieu, qui subissent la persécution en raison de foi, que le Seigneur, qui connait leurs épreuves, prépare pour eux une victoire définitive.

On comprend, en lisant le chapitre tout entier, que la vision de Daniel parle de la succession des empires, de Babylone aux Grecs en passant par les Mèdes et les Perses. Tous ces empires ont empêché le peuple juif de vivre dans la paix et l’indépendance. Le contexte particulier de ce chapitre c’est la crise maccabéenne, entre 168 et 164 Avant J.C. Le roi Antiochus Épiphane (que l’on reconnait sous l’image de la onzième corne de la quatrième bête (l’empire grec) a persécuté les Juifs et désacralisé le Temple de Jérusalem. Il veut supprimer leur religion. Il les persécute. Le peuple n’a cessé de souffrir pendant ces années, et la perséccution d’Antiochus semblait prête à tout détruire

Mais Dieu intervient, sous l’image du Vieillard immortel (habit blanc), servi par des myriades de myriades d’anges. Voici que vient vers lui un Fils d’Homme auquel tout pouvoir est donné sur toutes les nations et pour toujours. C’est la victoire du bien sur le mal, de la vie sur la mort, de la foi sur l’idolâtrie. Qui est ce Fils d’Homme ? Les empires (les bêtes, cf. Daniel 7,17.19-26) montaient de la mer, empire du mal et de Satan ; le Fils de l’Homme descend du Ciel, il appartient au monde de Dieu, de la vérité et de la vie.

A la différence des quatre énormes bêtes surgissant des ténèbres de la mer, il s’agit maintenant d’une lumière, d’apparence humaine comme signe de l’interaction des femmes et des hommes dans la clarté.  Le Fils de l’Homme, le signe de la fidélité et de la tendresse de Dieu qui fait disparaître les ténèbres, le mépris, et renaître et régner la dignité humaine dans la lumière.

Pour les Juifs aux prises avec les Grecs envahisseurs et sacrilèges de leur Temple, cette vision donne l’assurance que tout cela est connu de Dieu. Ne l’a-t-il pas dit à Daniel, il y a longtemps déjà, signe qu’il connait l’histoire ? Et il viendra, par les saints (que représente le Fils d’Homme, selon l’explication donnée par l’ange à Daniel (cf. Daniel 7,18 : « Ce sont les saints du Très-Haut qui recevront la royauté et la possèderont pour toute l’éternité ».

Environ 200 ans plus tard alors que Jésus parcourait la Galilée, ses disciples se souvinrent de la Vision de Daniel. Ils devinrent conscients que Jésus était ce Fils de l’Homme présent dans un monde de violence et de haine, et il proclamait, par sa vie et sa parole un tout autre « Régime » : le Royaume de Dieu.

Jésus sera porteur de l’attente ardente du « Fils d’Homme » apportant la victoire définitive sur les empires totalitaires du démon. Il est le seul, dans le Nouveau Testament, à utiliser cette image. A-t-il parlé de Lui ? En tout cas, les évangélistes ont bien identifié le messie de ce mystérieux Fils d’Homme. Par moment il semble vraiment parler de lui au présent, et à d’autres moments il en parle comme d’une venue dans l’avenir. Mais les Évangiles et les fidèles ont aisément identifié Jésus à cet être mystérieux auquel Dieu remettra tout pouvoir : « Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis » (1 Corinthiens 15,25-28).

Daniel prophétise la victoire finale du Christ sur le mal et l’auteur du mal, le Père du Mensonge. Veux-tu faire partie des vainqueurs ? Mets-toi au rang des disciples dénués de mensonge et d’infidélité.

Seigneur, Père de tous les hommes, tu as formés nos ancêtres, par les prophètes, dans l’espérance du salut et tu n’as cessé de leur envoyer des prophètes pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter (Jérémie 1,10). confirme-nous dans la foi et l’espérance de la victoire totale en Jésus sur le mal et la mort, et fais de nous les témoins joyeux de cette victoire.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane