L’amour fait oeuvre constructive

PREMIERE LECTURE

JEUDI, 23ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Nous savons que les idoles ne sont rien du tout ; il n’y a pas de dieu sauf le Dieu unique… Mais tout le monde n’a pas cette connaissance de Dieu »

1 Corinthiens 8, 1-13

Dans ce chapitre 8, Paul traite d’une question étonnante. À Corinthe, comme dans tout l’empire, on vendait – pas très cher – de la viande qui avait été sacrifiée dans les temples et qui n’avait été totalement consommée dans les « sacrifices de communion ». Les pauvres achetaient ces viandes, car elles étaient moins chères. Des chrétiens se demandaient : peut-on manger ces viandes offertes aux idoles ? Paul répond en deux temps.

D’abord, il déclare que les idoles ne sont rien du tout (8,4-6). Donc, la viande qui leur est offerte n’a rien d’offensif. La manger n’implique pas nécessairement que l’on sacrifie aux idoles. En soi, il n’y a pas de problème. « Ce n’est pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu. Si nous n’en mangeons pas, nous n’avions rien de moins, et si nous en mangeons, nous n’avons rien de plus » (8,8).

Mais certains chrétiens n’ont pas cette connaissance. Ils peuvent croire que les idoles sont tout de même quelque chose d’important. Alors, pour eux, manger de la viande sacrifiée, c’est en quelque sorte continuer un culte idolâtre (8,7).

D’où la conclusion de Paul. Il y a des choses que je peux faire, mais si en le faisant j’entraine vers le mal quelqu’un qui n’a pas ma connaissance, alors il est préférable de m’abstenir ! « En effet, si l’un d’eux te voit, toi qui as cette connaissance, attablé dans le temple d’une idole, cet homme qui a la conscience faible ne sera-t-il pas encouragé à mander de la viande offerte aux idoles ? Et la connaissance que tu as va faire périr le faible, ce frère pour qui le Christ est mort » (8,10-11).  

L’exemple de Paul concerne des actes qui en soi ne sont ni mauvais ni indispensables pour obéir à Dieu. Par rapport à de tels actes nous sommes libres, tout en faisant attention à ne pas scandaliser les gens plus faibles (8,10-12)

En revanche, si une chose est contraire à la conscience, si elle est objectivement mauvaise, je ne dois jamais la commettre, quoi qu’en pensent les autres.

À l’inverse encore, si Dieu me demande clairement quelque chose d’essentiel, alors je dois le faire, même si cela choque d’autres personnes ! Ainsi Jésus guérissait le jour du Sabbat, parce que guérir était essentiel. De même il renverse les tables des marchands du temple qui avaient fait de la maison de Dieu une caserne de brigands.

Saint Jean XXIII avait repris aux frères Moraves une admirable formule pour résumer tout ceci : « Dans les choses essentielles, unité. – Dans les choses non-essentielles, liberté. – En toutes choses, charité. »

Je comprends évidemment que les choses essentielles sont celles édictées par la loi de Dieu. Et l’amour est le critère !

Seigneur Jésus, je te remercie pour cet enseignement si fort de ton apôtre. Tout est bon, mais tout n’est pas opportun, me rappelle-t-il ! Je dois faire attention aux autres dans ma manière de me comporter, de sorte que jamais je ne devienne objet de scandale.

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne