Pense à ton sort final et renonce à toute haine

PREMIERE LECTURE

24ème DIMANCHE DU TEMPS DE L’EGLISE – A

« Si un homme nourrit de colère contre un autre homme,

Comment peut-il demander à Dieu la guérison ?

S’il n’a pas pitié pour un homme, son semblable,

comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? »

Siracide 27,30 – 28,7.

Le livre du Siracide (ou « Livre de Sirac le Sage ») encore appelé l’Ecclésiastique fait partie de la littérature de Sagesse qui s’est développée parmi les Juifs entre leur retour d’Exil (538 avant J.C.) jusqu’à la naissance de Jésus. Peu de prophètes se sont levés à cette époque. La spiritualité du peuple de la Bible s’est « individualisée ». De moins en moins les Juifs croyants n’ont cru que la nation comme telle pouvait être une nation sainte ! ils ont compris que la sainteté était une affaire personnelle, qu’il appartenait à chaque personne de désirer ou non entrer dans une relation d’intimité avec Dieu et de vivre saint comme lui, Dieu, est saint ! (cf. Lévitique 19,2).

On appelle Livres de Sagesse les livres suivants : Job, Qohèleth, Siracide, Sagesse, Proverbes. Dans ces livres, nous trouvons un appel à demander la sagesse qui vient de Dieu et beaucoup de conseils de bon sens et d’expérience. Nous trouvons également des rappels historiques destinés à nourrir la réflexion des gens sur la conduite à tenir. Ces conseils sont destinés à permettre aux fidèles d’entrer dans un chemin de sainteté sans attendre les autres ou la société tout entière. Les livres de sagesse conçoivent la salut davantage comme une rédemption personnelle que comme l’établissement d’une société idéale. Sur cette terre, cela n’arrivera probablement pas avant le retour du Seigneur Jésus.

Les conseils que nous recevons aujourd’hui concernent le besoin de pardonner. Ils préparent l’enseignement de Jésus dans l’Evangile. Le pardon n’est pas une option, il n’est pas facultatif. Pour recevoir le pardon de Dieu, il faut l’accorder à nos frères et sœurs : « pardonne-nous comme nos pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Matthieu 6,12).

Les conseils du sage sont extrêmement clairs et faciles à comprendre. Le pardon est nécessaire à la vie commune.

Seigneur, creuse en moi la confiance que je dois pardonner sans cesse

La question n’est pas « est-ce que je dois pardonner ? » Nous n’avons pas le choix. C’est un ordre de Dieu.

La question est plutôt : « comment faire pour pardonner ? » Car ce n’st pas toujours évident, loin de là. Je donne quelques pistes :

  1. Prier pour la personne qui m’a offensé : car le pardon est d’abord l’œuvre de Dieu. Avant de parler de Dieu à une personne, disait le saint Curé d’Ars, je dois parler de cette personne au bon Dieu ». prier pour la personne, c’est reconnaître que je ne suis pas bien capable de le faire et que j’ai besoin de l’aide de Dieu.
  2. Quand je me sens incapable de pardonner, je peux toujours dire à Dieu : « Tu es son Père, pardonne-lui… il ne sait pas ce qu’il fait» Je peux même ajouter : « moi, pour le moment, je n’y arrive pas. Aide-moi ! » Et petit à petit, mon cœur se fait à l’idée que oui, il faudra bien que je pardonne.
  3. Une autre étape pour me permettre de pardonner, c’est de regarder tout ce qu’il y a de bon dans cette personne. Tout ce que j’ai aimé en lui, ou en elle. Ne pas me concentrer sur le mal qu’il m’a fait, ne pas le « réduire » au mal qu’il m’a fait. Je me souviens de cette parabole. Un soir un homme écrit sur son ami sur le sable : « aujourd’hui, mon ami m’a fait du mal » Un autre jour, il écrit sur du marbre « aujourd’hui, mon ami m’a fait du bien ». et quand l’ami lui a demandé pour quoi hier tu as écrit sur le sable et aujourd’hui tu graves sur du marbre ? », il répond : j’ai écris le mal sur du sable, car un jour j’aurai oublié. Mais le bien, je l’écris sur du marbre pour que le souvenir se garde toujours !

Seigneur Jésus, tu connais les blessures de mon cœur. Tu sais que souvent ce sont les gens que j’aime qui m’ont fait du mal, et tu sais à quel point je suis blessé, heurté, meurtri. Prends pitié de moi et donne-moi ton regard sur ces personnes. J’ai confiance que tu me conduiras hors de la rancœur et de la rancune. Et alors, moi aussi, je revivrai !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane