Vanité des vanités…

PREMIERE LECTURE

JEUDI, 25ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Vanité des vanités, disait l’Ecclésiaste.

Vanité des vanités, tout est vanité ! Quel

profit l’homme retire-t-il de toute la

peine qu’il se donne sous le soleil ? »

 

Qohèleth 1,2-11

Le début du livre de Qohèleth (appelé aussi « l’Ecclésiastique ») donne le ton de tout le livre. Il s’agit d’un ouvrage de sagesse écrit dans une culture qui ne connait pas de vie intéressante après la mort. Nous sommes vers 300 avant Jésus-Christ. La foi dans la résurrection de la chair ne fait pas encore partie du trésor de foi du peuple d’Israël, le peuple de Jésus. Et lorsque l’horizon de la mort ferme la porte de l’espérance, alors, la vie ici manque de profondeur également.

Beaucoup d’expressions, dans ce livre, semblent désabusées. « Y a-t-il une seule choses dont on dise : ‘Voilà enfin du nouveau !’ » (1,10) ; « Beaucoup de sagesse, c’est beaucoup de chagrin » (1,18) ; « Au rire j’ai dit : ‘Tu es un sot !’ et à la joie ‘A quoi sers-tu ?’ » (2,2) ; « Rien à gagner sous le soleil » (2,11) ; « Sorti nu du sein de sa mère, il s’en ira comme il est venu. Il n’emportera rien de son travail , rien que sa main puisse retenir » (5,14).

On pourrait multiplier les citations. Elles sont presque toutes marquées du même fatalisme. Il n’y a rien après la mort, cette vie va vers sa ruine. Cependant, le livre présente un code de vie intéressant : D’abord, craindre Dieu, car il y aura quelque part un jugement. Mieux vaut l’aimer et lui obéir pour avoir, tant que l’on vit, une existence aussi paisible que possible car « A l’homme qui lui est agréable, Dieu donne sagesse, savoir et joie » (2,26).

L’autre conseil invite à jouir des bons moments de la vie, car cela est la seule chose qui nous soit octroyée : « Rien de bon pour l’homme, sinon manger et boire, et trouver le bonheur dans son travail. J’ai vue que cela aussi vient de la main de Dieu » (2,24).

Ce livre de sagesse révèle une époque où le peuple d’Israël vit dans une certaine impasse. Sa foi sera profondément renouvelée quelques années plus tard, lorsque la résistance héroïque des frères Maccabées et de leurs compagnons fera éclater le mur de la mort. Alors, les croyants comprendront que Dieu ne peut pas abandonner dans la mort les âmes de ceux qui offrent leur vie par amour pour la loi de Dieu

Beaucoup de nos contemporains vivent sans croire que la vie continue après la mort. Nous avons, nous chrétiens, une chance imméritée car nous avons reçu de Jésus la promesse suivante : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6,54).

Que nous faut-il faire alors ? Deux choses ; d’abord affermir profondément notre foi dans la résurrection. Que nous puissions rendre compte à quiconque de ce que nous croyons : « Je crois… à la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair et à la vie éternelle » (Credo des apôtres). Ensuite, vivre, à cause de notre foi, dans une espérance forte. Non, pour nous, nous ne pouvons plus dire « Vanité des vanités, tout est vanité ! » En Christ, nous avons dépassé le mur de la résignation et de la peur. En lui, déjà, nous sommes des Ressuscités !

Seigneur Jésus, tu m’as accordé une grâce inouïe en m’introduisant ainsi dans la foi en la vie éternelle, et du coup dans le prix inestimable de chaque instant de ma vie, puisqu’elle a déjà un goût d’éternité ! Affermis mon espérance, ma joie d’avoir reçu ton pardon et ton salut, et accorde moi d’en témoigner toujours, afin que tous aient la vie et qu’ils l’aient en abondance !

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne