Lequel des trois a été le prochain de l’homme tombé ?

EVANGILE

LUNDI, 27ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE

 

« ‘Lequel des trois, à ton avis,

a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ?’

Le docteur répondit : ‘celui qui a fait preuve de pitié envers lui’.

Jésus lui dit : ‘Va, et toi aussi, fais de même’ »

 

Luc 10, 23.

Il se trouve qu’hier, 4 octobre 2020, le pape François a publié une lettre encyclique appelée Fratelli tutti, selon l’expression de saint François d’Assise. Dans cette lettre, le chapitre 2 est entièrement consacré à la parabole du bon Samaritain. Raison de plus pour la lire. On la trouve immédiatement sur Internet.

D’emblée, l’évangéliste nous indique que la question du docteur de la loi n’est pas génuine. Il ne cherche pas vraiment à connaitre ce qu’il doit faire, il cherche à mettre Jésus à l’épreuve (Luc 10,25). J’aime la manière dont, tout au long de l’Evangile, Jésus répond à ce genre de pièges. Il retourne toujours la situation en sa faveur, et c’est ce qu’il va faire ici également. Soit il cite l’Écriture (comme avec Satan, dans les tentations (cf. Luc 4,4.8.12) ; soit il répond par une autre question (Luc 20,3 ; Luc 20,24) ; soit il raconte une parabole, comme ici, ou encore il se tait (cf. Jean 8,6).

Habilement, Jésus attire son interlocuteur sur le vrai terrain, celui de l’amour de l’autre, mesure de l’amour que nous portons à Dieu car « si quelqu’un dit : ‘j’aime Dieu’, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur » (1 Jean 4, 20). Je note qu’à chaque fois qu’on lui demande comment plaire à Dieu, ou quel est le plus grand commandement, il énonce celui de l’amour de l’autre, de la justice et du respect (Matthieu 22,34-40). Nous serons jugés sur l’amour (cf. Matthieu 25,31-46).

Quand le docteur de la loi, « voulant se justifier » (Luc 10,29) demande « qui est mon prochain ? », Jésus répond par la parabole du bon Samaritain. Il ne craint de se faire provocateur, en mettant en scène un prêtre et un lévite sans charité, et en face un étranger méprisé par les Juifs, un Samaritain, dont la charité va au-delà du nécessaire : « Prend soin de lui, dit-il à l’aubergiste, tout ce que tu dépenseras en plus, je te le rendrai quand je repasserai ».

Dans son encyclique, le pape François note, en pensant au prêtre et au lévite : « C’est un avertissement fort : ’est le signe que croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté. Une personne de foi peut ne pas être fidèle à tout ce que cette foi exige d’elle, et pourtant elle peut se sentir proche de Dieu et penser avoir plus de dignité que les autres » (Fratelli tutti, 74).

Ayant raconté la parabole Jésus retourne encore une fois la question du légiste au lieu de demander : « Qui est le prochain ? il demande « Qui A ETE LE PROCHAIN de l’homme tombé aux mains des bandits, (Luc 10,36). Sa parabole ne nous indique pas « qui est notre prochain » mais « de qui nous devons nous faire le prochain » (cf. Luc 10, 36). Ainsi, aimer ne consiste pas à chercher qui est notre prochain, comme s’il y avait des gens que nous devions aimer et d’autres qu’il ne serait pas nécessaire d’aimer. Au contraire, aimer consiste à devenir le prochain de quiconque a besoin de nous ! Fut-il un étranger, ou même, quelqu’un qui nous méprise !

AI-JE BIEN COMPRIS LE SENS DE LA REPONSE DE JESUS ? Mon prochain, c’est celui qui est là, devant moi, et qui me demande de l’aide concrète, ou du respect, ou que sais-je encore…

Seigneur Jésus, j’admire l’accueil que tu pratiques envers tous, y compris ceux qui cherchent à te mettre à l’épreuve. Tu pratiques toi-même, le premier, cette manière de te faire proche de quiconque a besoin de ton amour, de ta lumière, ou de ta force de guérison. Apprends-moi, à ton école, à ne jamais refuser de me faire le prochain de ceux que je rencontre.