Moi qui suis en prison à cause du Seigneur

PREMIERE LECTURE

VENDREDI, 29ème SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

« Frères, moi qui suis en prison à

cause du Seigneur, je vous

encourage à suivre fidèlement

l’appel que vous avez reçu de Dieu »

Ephésiens 4,1-6

La deuxième partie de la Lettre aux Éphésiens, comme c’est le cas de la plupart des lettres apostoliques, et en tout cas celles de l’apôtre Paul, a un caractère parénétique, mot étrange pour beaucoup :  Parénèse vient du grec ancien παραίνεσιςparaínesis (« exhortation, conseil »). Il s’agit donc de conseils : ici, en Éphésiens 4,1 – 6,20, l’auteur veut souligner, pour ses lecteurs, la manière de vivre dans le Christ par l’Église.

Pour vous faire sourire, je me souviens qu’un de mes étudiants au séminaire des futurs prêtres d’Afrique du Sud, à Pretoria, m’avait trouvé, dans un examen écrit, la formule « dans la partie paralytique de sa lettre, l’apôtre Paul… ». Difficile, parfois, de retenir de nouveaux mots !

Et voilà l’appel suprême de celui qui, à la suite de son maître, est en prison. A cause de l’Evangile, à cause du Seigneur (4,1). Quelle autre récompense dois-je attendre, si je me mets au service de l’Evangile, que celle d’être jugé digne, comme le Christ, du mépris, du rejet et, parfois, de la persécution ? C’est vrai, je ne peux pas comprendre cela, si je ne suis pas attaché au Seigneur plus qu’à moi-même ! Il n’y a pas d’autre chemin vers la sainteté. Et il n’y a pas d’aventure qui vaille davantage la peine que la recherche de la sainteté.

Ce chemin, tu ne peux le vivre qu’en intériorisant, au fil des années, des faiblesses et des échecs, les vertus nécessaires dont Paul écrit ici la liste : l’humilité, la douceur, la patience, l’art de supporter les autres, et la volonté de garder l’unité dans l’Esprit ! (Cf. 4,2-3). Il n’y a pas d’autre règle pour vivre en frères, dans l’Église.

L’Apôtre a des mots très forts : pour vivre l’appel, la vocation à l’espérance, « Il y a un seul Corps et un seul Esprit » (4,4). Nous savons, par la 1ère lettre aux Corinthiens (1 Corinthiens 12,12-27) que le Corps, c’est l’Église, le Corp du Christ (1 Corinthiens 12,13). De même que notre corps humain vit par le principe vital qu’est notre âme, de même le Corps social qu’est l’Église vit par l’Esprit de Jésus, l’unique Esprit (12,12).

C’est l’Esprit qui permet de « garder l’unité, par le lien de la paix » (Éphésiens 4,5). Je dois vraiment réfléchir à cela d’une manière très profonde et intérieure. Là où est l’Esprit de Dieu, là l’unité est garantie : là nous pouvons confesser « un seul Seigneur, une seule fois un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous » (4,5).

Tu veux savoir si l’Esprit te conduit ? Ce que tu fais, ce que tu dis rassemble et unit – sauf celui ou ceux qui rejettent la vérité.

Tu veux savoir ce que l’autre esprit, le diable (le mot original, grec, « diabolos » veut dire « diviseur ») conduit ? Regarde ce qui produit la division : l’orgueil, l’arrogance, l’impatience, le refus de supporter l’autre…. Le contraire ce que l’apôtre énumère en 4,2-3.

La prière n’a pas d’autre objet que de faire grandir en moi, avec la grâce de Dieu, le désir de vivre selon l’Esprit, dans l’Église. Être chrétien tout seul n’a pas de sens : comment montreras-tu ta capacité d’aimer, de rassembler, de permettre à tous de proclamer l’amour de Jésus ? « A ceci, tous connaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 15,35).

Seigneur Jésus, ton chemin de croix est la voie royale vers le salut.  Paul l’a vécu souvent, et particulièrement en prison ‘4,1). Apprends-moi à aimer ce chemin de croix, non pas celui que je choisirais, mais celui qui me vient, celui que tu as choisi pour moi. Et rends-moi capable aussi, avec toi, de grandir dans l’humilité, la douceur et la patience. J’en ai tant besoin, et sans toi, j’en suis totalement incapable… alors je peux tout, si tu me fortifies !