Seigneur, donne moi la charité, qu’elle soit une offrande à ta gloire

Première lecture
Vendredi après les cendres

« ‘Quand nous jeûnons, pourquoi ne le vois-tu pas ? Quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ?’ ‘Oui, mais le jour où vous jeûnez, vous savez bien faire vos affaires, et vous traitez durement ceux qui peinent pour vous’ »
Isaïe 58,1-9.

La prédication des prophètes était essentielle alors que les rites religieux ne correspondaient pas au comportement des personnes croyantes. C’est toujours le danger : avoir une religion emplie de gestes cultuels : célébrations, prières, pèlerinages… mais sans que le comportement personnel des membres soit inspiré par la Loi de Dieu qui est, rappelons-le, toujours une loi sociale autant que cultuelle : « S’agit-il de courber la tête comme un roseau, de coucher sur le sac et la cendre ? Appelles-tu cela un jeûne, un jour agréable au Seigneur ? » (Isaïe 58,5). Voilà pour le culte, qui, à lui seul, ne peut plaire à Dieu.

Le prophète énonce alors les conditions qui donnent sens au jeûne : ce sont les œuvres de justice : « N’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Isaïe 58,6-7). Isaïe annonce l’Evangile, le Magnificat de la Vierge Marie (Luc 1,46-55), le sermon sur la Montagne (Matthieu 5,1-12, cf. Luc 6,20-26) et l’allégorie du jugement dernier (Matthieu 25,31-46). Le culte n’a de sens, pour Dieu, que dans la mesure où il reflète la charité !

Ce qui est extraordinaire, c’est que les saints n’ont jamais le sentiment que Dieu ne répond pas à leur prière ! Aucun d’eux ne dirait : « quand nous faisons pénitence, pourquoi ne le sais-tu pas ? ». Ils savent trois choses : un, que la prière est là pour demander à Dieu que sa volonté soit faite, deux, que s’il n’exauce pas une demande c’est qu’elle n’est pas nécessaire et trois, que dans tout ce qui leur arrive Dieu les accompagne et donc aide à leur sanctification.

Ecoutons la voix des prophètes, pendant ce carême. Dieu ne nous demande pas seulement de nous excuser pour les fautes du passé, il nous invite à mettre notre vie en cohérence avec nos prières et notre foi. C’est ce que nous appelons la « conversion », c’est-à-dire nous détourner de nos pratiques mauvaises, de nos excès de consommation, de notre orgueil, de notre manque de miséricorde, des jugements que nous portons sur les autres et que sais-je encore…

SEIGNEUR, DONNE-MOI LA CHARITE, QU’ELLE SOIT UNE OFFRANDE A TA GLOIRE

Seigneur Jésus, donne-moi la sagesse de toujours demander ce qu’il te plait de me donner car ainsi, je ne serai jamais déçu. Je te demande aussi le courage de la cohérence entre ce que je prêche, ce que je vis dans la prière, et mon attitude dans la journée.

Mgr Emmanuel Lafont