Seigneur, ne permets plus que je laisse tomber la Parole

PREMIÈRE LECTURE

MARDI, 1ÈRE SEMAINE DE CARÊME

« Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission »
Isaïe 55, 10-11

La Parole de Dieu est efficace. Elle est créatrice : il suffit que Dieu « dise » et cela « est » ! (Cf. Genèse 1,3.6.9.11.14.20.24.26).

La Parole est puissante. Écoutons Madeleine Delbrêl : « L’Évangile est le livre de la vie du Seigneur. Il est fait pour devenir le livre de notre vie. Il n’est pas fait pour être compris, mais pour être abordé comme un seuil de mystère. Il n’est pas fait pour être lu, mais pour être reçu en nous. Chacune de ses paroles est esprit et vie. Agiles et libres, elles n’attendent que l’avidité de notre âme pour fuser en elle. Vivantes, elles sont elles-mêmes comme le levain initial qui attaquera notre pâte et la fera fermenter d’un mode de vie nouveau. Les paroles des livres humains se comprennent et se soupèsent. Les paroles de l’Évangile sont subies et supportées. Nous assimilons les paroles des livres. Les paroles de l’Évangile nous pétrissent, nous modifient nous assimilent pour ainsi dire à elles. Les paroles de l’Évangile sont miraculeuses. Elles ne nous transforment pas parce que nous ne leur demandons pas de nous transformer. Mais, dans chaque phrase de Jésus, dans chacun de ses exemples demeure la vertu foudroyante qui guérissait, purifiait, ressuscitait. À la condition d’être, vis-à-vis de lui, comme le paralytique ou le centurion ; d’agir immédiatement en pleine obéissance. L’Évangile de Jésus a des passages totalement mystérieux. Nous ne savons pas comment les passer dans notre vie. Mais il en est d’autres qui sont impitoyablement limpides. C’est une fidélité candide à ce que nous comprenons qui nous conduira demain à comprendre ce qui reste mystérieux…

La seule limite à la fécondité de la parole, c’est donc moi. Si je ressemble à de la bonne terre, je laisse la Parole produire du fruit. Si je suis comme le macadam, sans terre, ou semé de pierres (ces difficultés qui nous font trébucher), ou couvert de ronces (ces soucis de la vie qui nous accaparent), la Parole, telle la graine, sera prise par les oiseaux, brûlera sous le soleil ou sera étouffée par les ronces.

Le Christ est présent dans sa Parole comme il est présent dans l’Eucharistie. Il y a, dit le Synode sur la Parole de Dieu, une dimension sacramentelle de la Parole. L’Église et nous-mêmes devrons creuser cela davantage encore. « Sur l’attitude à avoir aussi bien envers l’Eucharistie qu’envers la Parole de Dieu, saint Jérôme affirme : « Nous lisons les Saintes Écritures. Je pense que l’Évangile est le Corps du Christ ; je pense que les Saintes Écritures sont son enseignement. Et quand il dit : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang (Jean 6, 53), ses paroles se réfèrent au Mystère [eucharistique], toutefois, le Corps et le Sang du Christ sont vraiment la Parole de l’Écriture, c’est l’enseignement de Dieu. Quand nous nous référons au Mystère [eucharistique] et qu’une miette de pain tombe, nous nous sentons perdus. Et quand nous écoutons la Parole de Dieu, c’est la Parole de Dieu et le Corps et le Sang du Christ qui tombent dans nos oreilles et nous, nous pensons à autre chose. Pouvons-nous imaginer le grand danger que nous courons ? » (Benoît XVI, Exhortation post-synodale sur la Parole de Dieu Verbum Domini 56).

Elle porte toujours du fruit. À une condition cependant : c’est d’être accueillie : il faut que le grain tombe en terre pour germer. S’il tombe sur du macadam, il reste seul jusqu’à ce que les oiseaux arrivent (Cf. Marc 4, 1-20). La seule limite à la fécondité de la parole, c’est donc moi. Si je ressemble à de la bonne terre, je laisse la Parole produire du fruit. Si je suis comme le macadam, sans terre, ou semé de pierres (ces difficultés qui nous font trébucher), ou couvert de ronces (ces soucis de la vie qui nous accaparent), la Parole, telle la graine, sera prise par les oiseaux, brûlera sous le soleil ou sera étouffée par les ronces.

SEIGNEUR, NE PERMETS PLUS QUE JE LAISSE TOMBER LA PAROLE !

Seigneur Jésus, augmente en moi le désir d’accueillir ta parole chaque jour et d’y prêter attention. Puis, conduis-moi à la conversion – au changement dans mon comportement – qu’elle me demande clairement.

Mgr Emmanuel Lafont