Epargne-moi, Seigneur, de m’endurcir dans le mal

PREMIÈRE LECTURE

VENDREDI, 1ÈRE SEMAINE DE CARÊME

« Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant – oracle du Seigneur notre Dieu – et non pas plutôt qu’il se dé-tourne de sa conduite et qu’il vive ? »
Ezéchiel 18,21-28.

Nous pensons très souvent que le Dieu de l’Ancien Testament est un Dieu juge, vengeur, qui ne tolère ni le mal ni le pécheur. Nous avons en effet des textes qui laissent à penser qu’il en est ainsi. D’autres textes au contraire nous présentent un Dieu d’amour, de miséricorde, dont l’unique souci est le salut de tous et qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour rattraper les pécheurs, les méchants et les détourner de leur voie mauvaise pour les remettre sur le bon chemin : « Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant ? » (18,23).

ÇA LA PEINE DE LIRE TOUT LE CHAPITRE 18.

Le chapitre 18 d’Ezéchiel est tout entier consacré à ce message. Il souligne en effet que la damnation – quand elle a lieu – ne peut être que le résultat du refus d’une personne de se détourner du mal particulièrement au moment où il doit rendre des comptes, au moment de sa mort (18,27-28). Il ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive ! Au début de la Genèse de la Genèse déjà, Dieu n’avait pas maudit nos premiers parents, mais seulement le serpent et le sol ! La leçon de Dieu donnée par le prophète affirme d’une manière très forte la responsabilité personnelle de chacun de face à sa destinée.

A l’époque d’Ezéchiel un proverbe courrait : « Les pères ont mangé des raisins verts et les dents des fils en sont agacées » (Ezéchiel 18,1). Selon ce dicton, les enfants subissaient la malédiction portée sur leurs parents. A l’inverse, le message est désormais le suivant : chacun est responsable. Le pécheur qui se repent sera sauvé, le juste qui s’écarte de la loi sera puni.

Comment comprendre ces contradictions entre différents textes de l’Ancien Testament ? Nous devons tenir que la révélation de Dieu à son peuple a été progressive, qu’elle a pris du temps, car Dieu a respecté la maturation du peuple dans la foi. L’Ancien Testament est le témoin de cette purification progressive de la foi d’Israël et de sa découverte, peu à peu, de la vraie nature de Dieu : en lui, il n’y a que bonté, amour et miséricorde. Tout le reste vient de ce que nos ancêtres – et parfois nous-mêmes – attribuons à Dieu des pensées trop humaines !

Avec Ezékiel et l’épreuve de l’Exil, la responsabilité personnelle des gens fait surface et prend le pas sur la seule responsabilité collective ou communautaire. L’un n’exclut plus l’autre. La responsabilité grandit avec la liberté.

EPARGNE-MOI, SEIGNEUR, DE M’ENDURCIR DANS LE MAL.

Seigneur Jésus, tu as révélé comme personne d’autre que le nom de ton Père est « Miséricorde », qu’il veut que tous les hommes soient sauvés (1 Timothée 2,4) et que seule notre responsabilité personnelle et notre conscience peuvent nous juger et nous condamner. Aide-nous à grandir dans la responsabilité qui est la nôtre, d’assumer pleinement la Loi de Dieu, non plus comme une obligation mais comme un chemin de vie et de salut.

Mgr Emmanuel Lafont