Toutes les hypocrisies de nos vies sont mises à nu par les paroles de Jérémie, comme par les paroles de Jésus.

PREMIÈRE LECTURE

MERCREDI, 2ÈME SEMAINE DE CARÊME

« Allons, montons un complot contre Jérémie. La loi ne va pas disparaître par manque de prêtre, ni le conseil, par manque de sage, ni la parole par manque de prophète. »
Jérémie 18,18-20.

Les jours à venir nous rapprochent de la Semaine Sainte, la grande Semaine où nous ferons mémoire des derniers jours de Jésus à Jérusalem et de la manière dont il a été traité – maltraité – par les siens et par les chefs des prêtres et les anciens. Ces jours-ci, la liturgie de l’Eglise va souvent faire appel au prophète Jérémie, tellement son destin ressemble et annonce celui de Jésus.

Comme Jésus, Jérémie avait dû faire face à des gens qui se sont dressés contre lui comme des ennemis qui refusèrent son message et finirent pas penser que leur paix passait par l’élimination du prophète : « Allons, montons un complot contre Jérémie ». Qu’y avait-il donc, dans son message, qui suscite tant de haine ?

Comme Jésus, Jérémie disait au peuple la vérité et démasquait tous les mensonges : mensonge de tourner le dos à la loi de Dieu et de croire qu’on peut construire, sans Lui, une société fraternelle et solidaire. Mensonge de croire qu’on peut abandonner Dieu, et se mettre à adorer les idoles et les dieux de pierre, d’argent et d’or (2,27), et ensuite aller prier dans le Temple du Seigneur et se sentir en sécurité (cf. Jérémie 7,1-7) vouloir vivre chacun pour soi et de croire que les autres vont s’occuper de nous. Mensonge que de tourner le dos à la justice et ensuite aller louer Dieu comme si de rien n’était… toutes les hypocrisies de nos vies sont mises à nu par les paroles de Jérémie, comme par les paroles de Jésus.

Jérémie n’est pas un surhomme ; le rejet lui fait mal, il ne court pas au-devant de la persécution. Il se plaint même à Dieu du sort qu’il affronte, à cause de la mission que Dieu lui a donnée. Ces plaintes ont donné le terme de « jérémiades », qui nous prenons parfois pour des lamentations sans fin. Nous appelons ces passages pathétiques « les confessions de Jérémie » (11,18-23 ; 12,1-6 ; 15,10.15-20 : 17,14-18 : 18,18-23 : 20,7-13.14-18). Le prophète ouvre son cœur à Dieu, lui dit sa détresse, appelle au secours.

Le destin de Jérémie annonce celui de Jésus, et celui de Jésus annonce aussi le nôtre, d’une manière ou d’une autre. 150 millions de chrétiens sont aujourd’hui persécutés dans le monde. Je pense particulièrement aux chrétiens d’Irak, que le pape François va rencontrer ces jours-ci. Que de souffrances !!! Dans d’autres parties du monde, y compris en Guyane, les catholiques sont la cible de beaucoup de calomnies, d’accusations sournoises et de sarcasmes. Pourquoi s’en étonner ? le Christ nous avait bien prévenus. La prière de Jérémie peut nous aider.

Seigneur Jésus, nous allons t’accompagner dans ton chemin de croix, déjà préfiguré par celui de Jérémie. Prie avec nous pour que nous ne soyons pas tentés de fuir lorsqu’on nous tentera comme on a cherché à te tenter, à se moquer de toi ou à tourner le dos à tes paroles de vie.

Mgr Emmanuel Lafont