Jésus est venu transformer profondément le culte que nous avons à rendre à Dieu

Évangile

Troisième dimanche de Carême – B

« ‘Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai’. Les Juifs lui répliquèrent : ‘Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours, tu le relèverais !’ Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. »

Jean 2, 13-25.

À partir de ce dimanche, les évangiles de Carême proviennent tous de l’Évangile de Jean, que ce soient ceux de l’année B, dans laquelle nous sommes, ou bien ceux de l’année A pour les paroisses qui accompagnent des catéchumènes, en vue de leur baptême au cours de la veillée pascale. Dans l’Évangile de Jean, que nous proclamons ce dimanche, la purification du Temple intervient tout au début du ministère de Jésus et non dans la dernière semaine avant la Passion comme dans les autres Évangiles. Sa signification n’en est que plus grande. Jésus est venu transformer profondément le culte que nous avons à rendre à Dieu.

La purification du Temple est un geste prophétique de Jésus, comme son entrée à Jérusalem sur un âne (Jean 12,12-19, cf. Zacharie 9,9). C’est à la fois la condamnation de l’abus de commerce autour des actes de culte et l’annonce d’un culte nouveau, « en esprit et en vérité » (cf. Jean 4,24), dans un Temple nouveau qui ne sera plus fait de pierre mais du Christ ressuscité et de son corps qui est l’Église.

Car le Temple, ici, est une double image. D’abord image de Jésus, véritable temple de Dieu, que les hommes voudront détruire mais par lequel nous serons sauvés ! Le temple dont il parlait, c’était son corps » (3,21).

Ensuite, le Temple, c’est nous, le Corps du Christ, infiniment plus sacré que toutes les pierres du monde. Ce Temple que nous profanons chaque fois que l’un de ces petits qui appartiennent au Christ est bafoué, refoulé, méprisé, torturé ou tué ! Ce Corps qui est né de la croix de Jésus, lorsqu’il s’est acquis un peuple saint par le Sang répandu…

Ce corps de Jésus continue sa passion à travers les membres terrestres. Nous avons appris hier qu’à Bagdad, en Irak, où se trouve le pape François, le patriarche d’Antioche des syriens Ignace Youssef III Younan lui a demandé d’accélérer la cause de béatification des 48 chrétiens morts dans l’attaque de DAESH contre la cathédrale de Bagdad le 31 octobre 2010. Le pape avait évoqué en effet ces « martyrs massacrés durant la célébration de la Divine Liturgie dominicale » : ils ont, a-t-il dit, « mélangé leur sang à celui de l’Agneau, pour témoigner à leurs frères opprimés, tués ou éradiqués, en Irak et au Proche-Orient, que Jésus lui-même, Dieu Sauveur, continuera comme il l’a promis, à vivre en eux ».

Contre ce Corps du Christ, les portes de l’enfer ne peuvent rien. Ressuscité en Jésus, il continue son œuvre de témoignage jusqu’au sang, que nous ne sommes pas sauvés par le sang des boucs ou par nos malheureux efforts, mais par la croix de Jésus qu’il nous demande de porter avec lui.

Seigneur Jésus, apprends-moi, par ma fréquentation des temples élevés pour ton peuple, à honorer de toute manière ton corps sacré, sanctifié, présent dans les plus petits d’entre les tiens.

Mgr Emmanuel Lafont