Jésus, soit le maître de mon coeur pour qu’il aime comme tu m’aimes, sans exclusive

Évangile

Lundi, 3ème semaine du Carême

« ‘Au temps du prophète Elisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le syrien.’ A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Il se levèrent poussèrent Jésus hors de la ville… »

Luc 4,24-30.

Le récit de la visite de Jésus dans la synagogue de Nazareth a pris chez Luc une dimension emblématique. Elle est devenue comme le sommaire de tout l’Evangile, comme l’ouverture musicale d’un opéra. Tout le destin de Jésus est déjà préfiguré : la puissance de sa parole (cf. Luc 4,21-22) ; son ministère messianique et prophétique (Luc 4,18-19) ; la division qu’il suscite dans son peuple (4,23-24), curieusement énoncée par lui-même: « Sûrement, vous allez me citer le dicton : ‘médecin guéris-toi toi-même’ » (4,23) et enfin le destin qui l’attend : on veut le tuer (cf. 4,28-29) « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom » (Jean 1, 11-12).

A quoi se résume le différend entre Jésus et les gens de Nazareth ? À ceci : ils pensent que si Jésus vient de chez eux, ils doivent en tirer plus de bénéfice que les autres. Qu’il fasse d’abord du bien à Nazareth (Médecin, guéris-toi toi-même). Les justes pensent qu’ils ont plus le droit d’être aimés de Dieu que les pécheurs, les Juifs pensent qu’ils devraient être aimés davantage que les païens ; les catholiques pensent que… Avons-nous, en réalité, la moindre raison de penser et de croire que Dieu nous devrait plus qu’aux autres ?

J’admire aujourd’hui le pape François, et le courage avec lequel il va vers les gens les moins favorisés – aujourd’hui les Irakiens, TOUS, chrétiens persécutés, sunnites, chiites…, le courage avec lequel il rappelle que la paix et pour tous, la sagesse avec laquelle il nous invite au dialogue avec toutes les religions, parce que c’est le dialogue qui favorise l’échange des cœurs, le rapprochement des esprits, la reconnaissance de la présence de l’Esprit chez d’autres que nous, et qu’en faisant cela, François ne fait que mettre ses pas dans les pas de l’homme de Galilée.

Jésus sait que de tout temps Dieu a aimé l’humanité tout entière et pas seulement son peuple. Certes, il a choisi un peuple à lui, le peuple juif, afin de faire passer à tous la bonne nouvelle de son amour qui guérit et purifie. Hélas, certains, dans son peuple, ont été jaloux de cet amour sans exclusive, et ils ont projeté de le faire mourir. La fin de notre épisode fait allusion à la mort de Jésus (4,29) et aussi à sa Résurrection : « Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Luc 4, 30).

JÉSUS, SOIS LE MAÎTRE DE MON CŒUR POUR QU’IL AIME COMME TU AIMES, SANS EXCLUSIVE

Seigneur, je te rends grâce car tu m’as choisi de toute éternité, pour porter à tous ton message d’amour et de salut. Fais que je ne sois jamais jaloux de ceux qui, venus d’ailleurs, reçoivent tes faveurs. Tu les attires ainsi à toi, et j’en suis heureux pour eux et pour toi et pour tous.

Mgr Emmanuel Lafont