Reconnaissons humblement nos péchés et offrons vraiment notre vie, pour que le Seigneur la fortifie.

PREMIERE LECTURE

Mardi, 3ème semaine du Carême

«Il n’est plus, en ce temps, ni prince ni chef ni prophète, plus d’holocauste ni de sacrifice, plus d’oblation ni d’offrande d’encens, plus de lieu où t’offrir nos prémices pour obtenir ta miséricorde. Mais avec nos cœurs brisés, nos esprits humiliés, reçois-nous comme un holocauste de béliers, de taureaux, d’agneaux gras par milliers. Que notre sacrifice en ce jour trouve grâce devant toi. »

Daniel 3,25.34-43.

Les circonstances de la prière d’Azarias sont racontées au début du chapitre : l’élite du peuple juif est en Exil à Babylone. Le roi Nabucodonosor a fait ériger une statue gigantesque (60 coudées, 9 étages ! Daniel 3,1) et il ordonne que tous l’adorent (3,3,4-6). Naturellement, les Juifs récalcitrants sont dénoncés (3,8-12), particulièrement Sidrac (Ananias), Misac (Misaël) et Abdénago (Azarias) (cf. Daniel 1,7 pour les noms de ces hommes). Ils sont jetés dans la fournaise (3,19-23).

La prière d’Azarias, debout au milieu du feu, est celle qui plaît à Dieu : c’est celle de tout un peuple, humilié par la situation dans laquelle il se trouve en exil loin de sa terre, dans une situation de persécution, de rejet de sa culture et de sa religion et sommé de devenir idolâtre. Azarias ne fait pas le fanfaron, il ne cherche pas de boucs émissaires à la détresse dans laquelle son peuple et lui-même se trouvent. Il reconnait avec contrition que le péché et de rejet de l’Alliance est la vraie cause de leur exil.

On pourrait croire que cette prière a été écrite pour nous aujourd’hui ! Nous ne pouvons plus offrir l’Eucharistie comme nous le souhaitons, nous risquons encore d’être confinés chez nous. Tous les pays du monde vivent l’épreuve d’une pandémie. Elle n’a pas que des effets négatifs. L’émission de CO² par la Chine et par l’Italie a diminué de moitié ! C’était ce nous aurions dû faire volontairement, pour donner suite aux recommandations des COP 21 et 25, mais que personne n’avait eu le courage d’accomplir. Eh bien ! la pandémie du COvid_19 y est parvenu. Reconnaissons humblement nos péchés et offrons vraiment notre vie, pour que le Seigneur la fortifie.

Azarias sait que ce qui plaît à Dieu, c’est un cœur brisé : « Un esprit brisé, voilà mon sacrifice à Dieu, tu ne regardes pas de haut le cœur brisé et humilié » (Psaume 51,19). Il sait que les sacrifices d’animaux ne plaisent pas davantage au Seigneur : « tout le bétail des champs m’appartient. Si j’avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde est à moi et tout ce qui s’y trouve. Est-ce que je mange la viande des taureaux ? » (Psaume 50,11-13).

Le disciple suit l’exemple du Maître : « Tu n’as voulu ni offrande ni sacrifice, mais tu m’as donné un corps. Ni les holocaustes, ni les sacrifices pour le péché ne te plaisaient. Alors j’ai dit : Voici que je viens, ô Dieu… je viens faire ta volonté » (Hébreux 10,5-7).

Au moment où on nous fait miroiter un retour à la normale d’ici peu, sachons refuser que « la normale » soit de nouveau une course à l’argent, à la consommation, à l’individualisme, à l’intolérance et à la xénophobie ! Dans le cas contraire, les leçons de la pandémie n’auraient servi à rien et nous resterons sous la menace d’une catastrophe plus terrible encore.

Seigneur Jésus, tu connais notre amour pour toi, et en même temps nos faiblesses, nos erreurs et nos fautes. Pardonne et prends pitié de nous. Retire de notre cœur l’acédie, la corruption et les compromissions, notre bouche chantera tes louanges et nous pourrons de nouveau vivre librement sur une terre et des peuples mieux protégés et rassemblés.

Mgr Emmanuel Lafont