Car c’est la miséricorde que tu veux, et non les sacrifices

PREMIÈRE LECTURE
LUNDI, 4ÈME SEMAINE DE PÂQUES
« Pierre dit alors : Et si Dieu leur a fait le même don qu’à nous, parce qu’ils ont cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l’action de Dieu ?’ »
Actes 11,1-18.
VOUS DEVEZ ABSOLUMENT, AUJOURD’HUI, LIRE LE CHAPITRE 10 !
Les chapitres 10 et 11 des Actes des Apôtres constituent un tournant décisif dans la vie de l’Eglise voulue par Jésus. Pour la première fois, Pierre se voit contraint par l’Esprit Saint lui-même de baptiser un païen. Il n’aurait jamais imaginé cela. Il n’avait pas compris que Jésus lui demanderait cela. Et Jésus savait aussi qu’il faudrait du temps pour que les apôtres parviennent à comprendre la dimension universelle de l’Évangile !
Pour que ce tournant puisse se réaliser, Dieu a pris les grands moyens :
1. Il a envoyé une vision au centurion païen qui se trouvait à Césarée (Actes 10,1-8) ;
2. Il a envoyé une vision à l’apôtre Pierre, qui se trouvait à Jaffa (Actes 10,9-16) ;
3. Corneille a obéi à Dieu en envoyant des soldats chercher Pierre à Jaffa et l’Esprit a parlé à Pierre (Actes 10,17-22) ;
4. Pierre comprend qu’il peut passer outre la loi juive et entrer chez un païen (10,24-28) ;
5. Quand Pierre et Corneille se rencontrent et que le centurion invite l’apôtre à dire ce dont Dieu l’a chargé (10,29-33), ce dernier accepte de parler de Jésus (10,34-43) ;
6. L’Esprit intervient une nouvelle fois (la 3ème pour Pierre !) et descend sur les auditeurs païens de sorte que Pierre ne voit plus comment leur refuser le baptême, « ces gens ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous » (10,44-47) ;
7. Et donc Pierre donne l’ordre de baptiser des païens, ce qu’il n’avait jamais imaginé jusque-là !
Jésus avait dit à ses apôtres : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les supporter maintenant. L’Esprit Saint que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, vous conduira à la vérité tout entière » (cf. Jean 16,12-13). Il savait bien que l’Evangile ne pourrait être compris d’un seul coup. Et vingt siècles plus tard, 2000 ans plus tard, saint Jean XXIII disait, à propos du Concile Vatican II : « Ça n’est pas l’Evangile qui change, c’est nous qui commençons à mieux le comprendre… »
Frères et sœurs bien aimés. Ayons l’humilité de reconnaître que nous n’avons pas tout compris de l’Evangile de Jésus. D’autres que nous, aujourd’hui comme hier, des païens, des gens d’autres religions, parfois, sont plus proches de l’Evangile que nous ne le sommes… Si l’Esprit Saint leur est donné autant qu’à nous, qui sommes-nous pour empêcher l’action de Dieu ?
Et quand le pape François nous dit : « le cœur de l’Evangile, c’est la miséricorde… » Quand il dit aux prêtres qu’il vient d’ordonner à Rome, « Ne vous lassez jamais d’être miséricordieux… », Puissions-nous regarder chacun dans notre cœur, et demander au Seigneur d’en retirer tout ce qui ne vient pas de la miséricorde.
Le pape nous invite à un marathon de prière, en ce mois de mai, pour « implorer Dieu d’aider l’humanité à surmonter la pandémie de coronavirus. » j’aime la formulation : aider l’humanité à surmonter la pandémie. Le pape laisse à Dieu l’initiative de la manière dont il voudra nous aider. Mais surtout, il rejoint une proposition faite par le Comité Supérieur pour la Fraternité Humaine. Ce comité a été créé à la suite de la rencontre du pape et du grand Imam de l’université al-Azhar du Caire, le Cheikh Ahmed el-Tayeb.
L’Esprit en effet ne cesse de conduire l’Eglise vers de nouveaux approfondissements de l’Evangile. Aujourd’hui, le « dialogue inter religieux » est un des fruits du Concile Vatican II. C’est un bouleversement dans l’histoire de l’Eglise, même si des personnes comme St François d’Assise et beaucoup d’autres saints avaient saisi cette dimension profonde de l’Evangile de Jésus. Et nous, nous les catholiques, à écouter, à comprendre, et à vivre ce que l’Esprit dit à l’Eglise aujourd’hui : plus de mission sans dialogue, plus de mission sans respect de l’autre, de sa culture, de sa religion, de sa spiritualité.
Jésus, tu nous as dit : ‘Soyez miséricordieux, comme mon Père est miséricordieux’ (Luc 6,36), apprends à ton Eglise, à tes prêtres, à tes évêques, à tes catéchistes, ce que c’est que la miséricorde. Car c’est la miséricorde que tu veux, et non les sacrifices… (cf. Matthieu 9,13). Donne-nous aussi d’entrer pleinement dans la reconnaissance du dialogue nécessaire comme seule manière évangélique d’annoncer la mort et la Résurrection de Jésus !
Mgr Emmanuel Lafont