La parole de Dieu n’informe pas seulement, elle performe

ÉVANGILE

14ÈME DIMANCHE DU TEMPS DE L’ÉGLISE – B

« D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée ?… N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques… ? Ils étaient profondément choqués à son sujet ? »

Marc 6, 1-6

Déjà rejeté par les pharisiens, les scribes, les docteurs de la loi (cf. Marc 2,1 – 3,6) et une partie de sa famille (cf. Marc 3,21), Jésus est mal reçu dans son village, là où il avait passé son enfance et son adolescence. Ce qui me frappe, tout d’abord, c’est que les auditeurs de Jésus ne mettent pas en doute sa sagesse, ni son pouvoir de faire des miracles ! Ils ne peuvent pas nier cela, tellement c’est évident. Oui, ils reconnaissent cette sagesse qui lui a été donné et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains…

Alors, pourquoi sont-ils choqués ? C’est simple : ils le connaissent et n’acceptent pas que Jésus les dépasse ! En même temps, ils savent que croire en Jésus veut dire mettre sa vie en accord avec son enseignement. Cela implique un changement de comportement, de vie, une conversion. La parole de Jésus ne laisse pas indifférents ceux qui l’écoutent. Elle oblige à faire un choix : reconnaitre sa sagesse et y adhérer, ou bien nier sa sagesse, voire même attribuer au diable ce que fait Jésus, et le rejeter.

LA PAROLE DE JÉSUS N’EST PAS INFORMATIVE, ELLE EST PERFORMATIVE. ELLE N’INFORME PAS SEULEMENT : ELLE PERFORME

En parlant de sa famille, les auditeurs cherchent une porte de sortie pour éviter le choix de suivre Jésus. Ils cherchent à le maintenir sous leur emprise. Quand les auditeurs citent la famille de Jésus, ils ne nous font pas un cours d’arbre généalogique sur elle. Ils disent, tout simplement, qu’ils connaissent Jésus, sa maison, son histoire, les siens. Ce n’est ça qui est important à leurs yeux. L’important, c’est de garder un ascendant sur lui : « Cet homme, nous l’avons vu naître. Nous savons tout de lui. Que peut-il nous apprendre ?

MOI, CHRÉTIEN, JE PEUX AVOIR LA MÊME HYPOCRISIE : CROIRE QUE JE CONNAIS JÉSUS, QUE JE N’AI PLUS RIEN À APPRENDRE DE LUI !

La suite de l’histoire de l’Eglise n’a jamais compris par ces lignes que la Vierge Marie aurait eu d’autres enfants. Aucun des détracteurs des chrétiens – et ils furent nombreux – n’ont osé utiliser cette ficèle. Si cela avait été vrai, nous pouvons être sûrs que cela aurait été mis en avant pour déstabiliser les croyants. Mais cela n’arriva pas. C’est autrement qu’il nous faut parler de la « fratrie de Jésus ». Si un certain mystère demeure quant au sens exact de ces mots « frère, sœur, dans ce contexte, le silence des siècles suffit à nous éclairer.

Pour le reste, nous pouvons nous poser la question : Qu’en est-il de Jésus et des siens ?

La mère de Jacques et de José est citée parmi les femmes qui se tiennent au loin, au Golgotha : « il y avait aussi des femmes qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres… qui étaient montées avec lui à Jérusalem » (Marc 14,40-41). On remarquera que ni Jean ni Marie, la mère de Jésus qui eux, selon saint Jean, étaient au pied de la croix (cf. Jean 19,25-27) ne sont nommés. Tandis qu’est aussi nommée Marie, femme de Cléophas, « sœur de sa mère ». N’est-ce pas elle la mère de Jacques le petit et de José ?

Seigneur garde moi de jamais tenter de te désobéir en prétendant que ce que tu fais ne vient pas de Dieu. Ou bien en faisant comme si cette parole n’est pas de toi, ou encore qu’elle ne soit pas pour moi. Car je le sais, tu es la Sagesse éternelle de Dieu.

Mgr Emmanuel LAFONT, évêque émérite