« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6, 27-38)

Le jeune soldat David est poursuivi par le roi Saül qui veut le voir mort. Car si David a sauvé Israël en affrontant Goliath et nombre d’armées ennemies victorieusement, sa popularité fait de l’ombre à Saül. Pour des motifs de « sûreté de l’Etat » dirait-on aujourd’hui, il veut l’éliminer. Or voici que la Providence fait que ce dernier tombe au pouvoir de David et que celui-ci pourrait le tuer sans aucun problème. Mais alors que Saül est devenu son ennemi, il lui fait miséricorde. Il le voit comme l’oint du Seigneur et n’attente pas à sa vie, ce qui aurait été compréhensif dans sa situation. Il illustre donc bien cette formule choc de Jésus « Aimez vos ennemis ! » David a aimé son ennemi Saül dans cette circonstance que je viens de décrire.

Cette parole de Jésus est difficile à entendre encore 2000 ans après. Certains disent que cela est irréaliste et pourtant David et de très nombreux chrétiens l’ont mis en pratique dans leur vie ; ils n’ont pas rendu le mal pour le mal.

La petite Maria Goretti âgé seulement de 12 ans se refusant  à un jeune voisin de 17 ans « Alessandro, Dieu ne veut pas ces choses là ! Si tu fais cela tu iras en enfer ! »

Elle fut assassinée par celui-ci de 27 coups de poinçons. Elle fut conduite à l’hôpital Orsenigo de Nettuno où elle meurt le lendemain, après avoir reçu la communion pour la dernière fois. Avant de lui donner la sainte hostie, le prêtre lui demande si elle pardonne à son agresseur. Elle répond :

« Oui, pour l’amour de Jésus, je pardonne. Je veux qu’il vienne lui aussi avec moi au Paradis. Que Dieu lui pardonne, car moi, je lui ai déjà pardonné ».

Elle meurt le 6 juillet 1902.

Ce garçon condamné à 30 ans de prison sera visité par Maria en songe au bout de 8 années de détention ; elle lui offrait des lys symboles de pureté qui se transformaient en lumières scintillantes. Il prit conscience du mal qu’il avait fait et se convertit. En 1934 ; il alla implorer le pardon d’Asunta la mère de Maria qui le lui accorda en disant : «  Ma Maria t’a déjà pardonné, moi aussi, je te pardonne ». Ils communièrent tous les deux à genoux ensemble à la surprise générale. Ils participèrent ensemble aux cérémonies de béatification et de canonisation de Maria.

Maria a aimé même son bourreau. Elle n’avait que 12 ans. Elle nous montre que la parole de Jésus est lumière, vérité et vie. Même si elle va à l’encontre de l’esprit du monde, elle est le vrai chemin. Imaginez si Maria n’avait pas pardonné ; elle serait morte avec la haine, sa mère aurait été amère et triste toute sa vie et Alexandro serait perdu. Au lieu de cela, ce dernier a travaillé comme jardinier chez des religieux et a laissé un testament spirituel des plus édifiant. Maria quand à elle, à seulement 12 ans, est devenue une grande sainte.

Plus proche de nous J’ai rencontré une maman dont la fille était extrêmement brillante scolairement, dans les années 60, sa mère avait une voisine qui était jalouse de voir que sa propre fille n’avait pas de tels résultats. La jalousie l’a conduite à empoisonner la petite. Mais sa conscience commença à la tourmenter et elle est allée se confesser à la maman de la fillette qu’elle avait tué en implorant son pardon. Elle le lui a accordé. Elle n’a jamais dévoilé son identité pas même à ses autres enfants et elle a fonctionné avec elle comme avant. Voilà des personnes qui illustrent l’évangile d’aujourd’hui.

Alors nous dans tout cela, avons-nous des ennemis ?

Certains répondront « oui ! » sans hésiter ; d’autres « non ».

Ceux qui réponde « oui » sont ceux qui dans leur milieu familial, dans leur voisinage ou dans leur travail sont convaincus à tort ou à raison d’être la cible de malveillances ou de mauvais traitement : mensonges, vexations, voire sorcellerie.

J’ai dit à tort ou à raison car parfois on se trompe d’ennemi. Le soi-disant voyant ou personne à dons que l’on a consulté ou parfois même qui est venu spontanément vers nous pour dénoncer telle  ou telle personne de notre entourage comme étant la cause de tous nos maux est le véritable ennemi.  Dans la Bible (Cf. Ap 12, 10) l’accusateur de nos frères, c’est le Diable. Quand un « inspiré » vous dit à partir de son inspiration que tes problèmes sont dû à quelqu’un qui t’a jeté un sort, tu peux être certain qu’il n’est pas inspiré par Dieu, mais par l’Adversaire, le Démon.

Il se peut, deuxième cas, que tu aies des ennemis réels, qui se déclarent comme tels, qui te menacent, qui te harcèlent, voire qui te font violence. Là, on est sur du concret. Quelle attitude avoir ? Ne pas laisser la haine s’emparer de nous, rendre le bien pour le mal. Ressembler à notre Père Si on combat le mal par le mal, c’est l’escalade jusqu’à l’extermination de la race humaine, seul le bien est vainqueur du mal. Seul le + annule le -. Evidemment, cela ne se fera pas par nous-mêmes, sans la grâce. Heureusement elle est donnée largement, c’est bien ce que dit Rm 5. « là où le péché abonde, la grâce surabonde » Rm 5, 20.

Maintenant voyons le cas de ceux qui disent : « nous n’avons pas d’ennemis ». Est-ce si sûr ? N’y a-t-il pas des personnes vers qui nous n’allons pas dont l’existence ou la disparition nous sont indifférentes ? Pire, y a-t-il des personnes dont la mort provoque chez nous de la joie ? Les djihadistes, par exemple qui représentent une menace pour tous les français et spécialement pour les chrétiens et les juifs. Lorsqu’un djihadiste est tué, plutôt que nous réjouir de sa mort, peut-être pourrions-nous faire une petite prière pour lui semblable à celle que Jésus a faite pour ses bourreaux : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Comment voyons-nous les personnes égoïstes et corrompues capables d’affamer des peuples ou de démolir des institutions pourvu qu’ils se remplissent les poches ?

Ce voisin arrogant et violent, ce mari alcoolique, ce fils drogué qui te rend la vie impossible, est-ce que je prie pour lui ou est-ce que je le maudis et lui souhaite du mal ?

La liste est longue. Sommes-nous en paix avec tous ?

Demandons donc à Dieu en ce jour la grâce d’avoir un cœur miséricordieux comme David et encore mieux comme Jésus qui du haut de la croix a fait miséricorde au Bon larron et pardonné à ses bourreaux.