La foi est à la fois un don et une conquête

Il est à remarquer que presque tous les évangiles de ce mois d’octobre nous parle de la foi, ce n’est peut-être pas pour rien que ce mois est sous l’égide de Marie notre Dame du Rosaire celle qui a cru. Aujourd’hui nous parlerons de la foi comme étant à la fois un don et une conquête.

Explication :

Lorsque nous regardons l’épisode d’Exode 17 où nous voyons que la bataille entre Josué menant le combat contre les troupes d’Amalec se joue sur la montagne où Moïse est en prière, on comprend que la victoire de Josué ne tient pas seulement à son habileté stratégique ni au courage de ses hommes mais à Dieu. En fait, ce que dit cette bataille initiale, c’est que Dieu fait à Israël le don d’une conquête. Cette affirmation est paradoxale, quand Josué fait la conquête de territoires ou de places fortes on pourrait penser qu’Israël lui doit tout, la Bible dit que non. Certes il a fallu aller sur le champ de bataille l’épée en main mais c’est pourtant Dieu qui donne la victoire et chaque fois qu’Israël l’a oublié la défaite était au rendez-vous.

Eh bien on peut me semble-t-il dire que la foi est aussi comme toutes les réalités spirituelles le don d’une conquête. C’est ce qui a fait dire à Saint Augustin que si Dieu nous a créé sans nous, il ne veut pas nous sauver sans notre participation. S’il est vrai que l’on est sauvé par la foi, il faut dire que cette foi est un don de Dieu mais dépend aussi de nous. Si ce n’était pas le cas on ne comprendrait pas que Jésus nous invite à avoir une foi plus grande, on comprendrait encore moins qu’il reproche à ses disciples leur manque ou leur peu de foi.

Comment pouvons-nous contribuer à faire grandir notre foi ?

On peut trouver un élément de réponse dans la seconde lecture qui fait un lien entre foi et enseignement solide. Autrement dit, pour que notre foi grandisse il nous faut sans doute la nourrir avec la Parole de Dieu. Il faut sans doute ajouter que la prière lui est aussi indispensable que l’eau l’est aux plantes et que l’eucharistie et le sacrement de confession sont l’équivalent de l’engrais et du sarclage. Moyennant quoi notre foi sera une plante robuste et en bonne santé et on pourra attendre d’elle du fruit. Mais il faut aussi ajouter que ces efforts ne serviront à rien si on ne fait pas des actes de foi. C’est un peu comme un sportif qui malgré une bonne hygiène de vie et une excellente alimentation ne peut pas progresser s’il ne s’entraîne pas. De la même manière le croyant doit poser des actes de foi c’est-à-dire qu’il doit à certains moments de sa vie abandonner à Dieu telle ou telle préoccupation ou souci et faire confiance pour ce qui est de l’issue de l’affaire. C’est comme cela qu’il va se muscler dans la foi.

Il y a un deuxième point qui pourrait retenir notre attention ce dimanche c’est le fait que Jésus dise que nous sommes des serviteurs quelconques c’est-à-dire non indispensables.

Ainsi cette foi qui est don et conquête nous l’avons dit car si elle est don de Dieu, elle suppose de notre part une certaine application à l’entretenir et à la faire grandir sans oublier un aspect qui est celui de l’acte de foi. Eh bien quand cette foi aura grandi il ne faudra pas nous enorgueillir et ce pour deux raisons :

La première est que même si nous avons bien cultivé notre foi, c’est Dieu qui donne la croissance comme pour la plante du jardinier c’est pour cela que les disciples demandent à Jésus d’augmenter leur foi.

La deuxième raison pour laquelle nous ne pouvons pas nous enorgueillir est que celui qui agit par la foi est Dieu. Même si j’ai la foi à transporter les montagnes, ce n’est pas moi qui déplace les montagnes, c’est Dieu. Du coup, un autre pourra le faire aussi bien que moi, puisque ce n’est pas mon œuvre en réalité, mais celle de Dieu. Ainsi quels que soient mes charges ou mes charismes, je ne suis qu’un serviteur quelconque ou inutile si l’on veut, car tout ce que je fais par le moyen de la foi est fondamentalement l’œuvre de Dieu lui-même.

+ Alain Ransay, évêque de la Guyane