Lettre de Mgr David Macaire sur l’identité de Alain ICARE au diaconat

Chers diocésains de Guyane,

Vous savez que dimanche dernier, j’ai ordonné un fils de la Guyane diacre ; Monsieur Alain Icaré. Je vous livre ici le témoignage de Mgr David Macaire, archevêque de Fort-de-France et de Saint Pierre, à son propos.

+ Alain Ransay, évêque de la Guyane

 

Excellence,

Par lettre du 19 Septembre courant vous me demandez mon avis sur l’idonéité de M. Alain Icaré au ministère ordonné.

Je ne vous rappellerai pas les éléments biographiques détaillés qui le concernent. Cependant je voudrais souligner que sa vie est celle d’un grand serviteur de l’Evangile : époux, père de famille, enseignant universitaire, professionnel dans le domaine de la comptabilité et des finances il correspond tout a fait à la description de l’apôtre Paul concernant les pasteurs : « Il doit être irréprochable, époux d’une seule femme, un homme sobre, raisonnable, équilibré, accueillant, capable d’enseigner, ni buveur ni brutal mais bienveillant, ni querelleur ni cupide. Il faut qu’il dirige bien les gens de sa propre maison, qu’il obtienne de ses enfants l’obéissance et se fasse respecter. Car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment pourrait-il prendre en charge une Église de Dieu ? Il ne doit pas être un nouveau converti ; (…) et il faut aussi que les gens du dehors portent sur lui un bon témoignage, pour qu’il échappe au mépris des hommes et au piège du diable. » (1Tm 3, 1-7)

Son veuvage a décuplé les racines de son ministère. Pour être plus exact il lui a donné une racine céleste. Diacre puis prêtre je pense qu’il vivra ses ministères en communion très forte avec sa défunte épouse.

Comme vous le rappelez dans votre lettre, Alain exerce son ministère de prédicateur et d’enseignant de la foi depuis plusieurs décennies. C’est un ministère sans concession à l’esprit du monde reconnu et même plébiscité par le peuple de Dieu. Alain s’est toujours montré fidèle et obéissant à la hiérarchie de l’Eglise. Je lui ai confié le ministère d’accompagnement des dizaines de Petites Communautés Ecclésiales du diocèse de la Martinique. Je n’ai reçu que de bons retours de cette mission, y compris des responsables que j’aurais pu croire inquiets de sa personnalité et de sa stature. Ce fut pour moi un signe que, malgré ses nombreux talents et ses impressionnants charismes, l’équipe se soit senti renforcée et accompagnée et non écrasée. Alain sait être humble et travailler avec d’autres.

Comme vous le savez, j’ai voulu qu’il soit le premier catéchiste institué de notre diocèse et peut-être du monde occidental, puisque son institution a été programmée en mai 2021, peu de temps après la publication par le pape François du décret Antiquum ministerium, réintroduisant dans l’Eglise Universelle ce ministère essentiel.

Je finirai en vous disant, Excellence, que je me réjouis que Alain Icaré ait choisi de répondre à nouveau à l’appel du Seigneur. Je le compare à cet appel nouveau que Marie entendit lorsque le vieillard Syméon lui annonça qu’une épée lui transpercerait l’âme (Lc 2,35). Je pense aussi à cet appel renouvelé que reçu Pierre sur les bords du lac de Galilée, lorsque Jésus lui dit, presqu’au même endroit où il l’avait appelé à devenir pécheur d’homme au début de son ministère : « un autre te mettra ta ceinture et te conduira là où tu ne voulais pas aller » (Jn 21,18).

Je ne doute pas que le ministère d’Alain, surtout à vos côtés, sera fructueux et puissant. Par contre, faire partie du clergé, en découvrir les limites de l’intérieur, d’une part et devoir être prudent, d’autre part, envers la relation parfois impure que certains membres du peuple de Dieu voudraient entretenir avec ses pasteurs (flatteries, vénération, distanciation, isolement, accaparement, simonie, séduction, calomnies, jalousie, gâteries, harcèlement, …) lui transperceront l’âme et le conduiront, non sans renoncements, à un chemin nouveau de sainteté.

Je félicite le diocèse de Cayenne pour ce nouveau diacre et prêtre avenir. Nous rendons grâce à Dieu de ses 30 ans de ministère en Martinique. C’est avec joie et regret que nous voyons s’éloigner ce ministre irremplaçable de notre communauté diocésaine. Avec vous-même et le P. Neuville Cospar, on peut parler de « sacrifice ». Cela vous oblige à porter de nombreux fruits spirituels et nous à nous renouveler !

En me confiant à votre prière, je vous prie d’agréer, Excellence, l’expression si sincère de ma bénédiction fraternelle.

+ Fr David Macaire op
Archevêque de Martinique