« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu”

Ce n’est pas la première fois que l’on récrimine contre Jésus du fait qu’il fréquente les pécheurs. Il y a tellement de bonnes personnes à Jéricho. Des gens qui observent scrupuleusement la loi, pourquoi Jésus n’a-t-il pas choisi d’aller loger chez l’un d’eux ? Comment comprendre qu’il aille chez ce Zachée, voleur et collaborateur de l’occupant romain (il prélève des impôts et pour l’Empereur et pour lui-même de façon malhonnête) ? Mais Jésus l’avait déjà dit : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin mais les malades ; je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs ».

Zachée était venu pour voir Jésus et c’est Jésus qui le « voit ». Jésus pose son regard de bon pasteur sur cet homme méprisé par ses concitoyens et pour la première fois, il voit un regard plein de bienveillance et d’amour posé sur lui. Cela va faire jaillir de son cœur bonté, générosité et amour autant de sentiments dont on le croyait dépourvu. Quelle puissance que celle de l’amour de Jésus !

Zachée lui dit : « Voilà Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ».

Et dans sa joie Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison » et plus loin : « En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Ainsi Jésus ne perd pas son temps en mondanités, en restant entre gens soi-disant « bien », il va au-devant de ceux qui sont esclaves du péché pour les libérer.

Quelle leçon pour nous ! C’est vrai que nous n’aimons pas toujours aller là où les choses sont difficiles. Par exemple, ce n’est pas toujours agréable d’aller voir des malades, des prisonniers, d’écouter des personnes en souffrance ; on préfère les petits moments entre amis avec des amuse-gueules, autour d’un bon film ou d’un match de foot. Naturellement, il faut aussi de tels moments, mais quand nous regardons Jésus nous voyons son cœur de pasteur, sa soif des âmes et son souci de celui qui est perdu. Nous constatons aussi qu’il est extrêmement préoccupé par ceux qui sont en difficulté, par ceux qui s’égarent et qu’il n’a pas de repos jusqu’à ce qu’il les retrouve. Car, dit-il, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. Nous qui sommes ses disciples devrions partager sa soif des âmes, son ardeur à aller au-devant de ceux qui peinent, de ceux qui errent pour les conduire au salut.

La question du regard de Jésus est également importante dans la mesure où il fut capable de faire remonter ce qu’il y a de meilleur chez Zachée. Notre regard à nous peut également tirer le frère ou la soeur vers le haut, mais, malheureusement, à cause du péché, il peut tout aussi bien tirer notre prochain vers le bas…

Soyons de ceux qui stimulent, qui suscitent l’amour en donnant en premier de l’attention et de la bienveillance à nos frères.

+ Alain Ransay, évêque de la Guyane