“Celui-ci est le Roi des juifs.”

Quel drôle de Roi !

Le peuple est là à regarder… Le plus grand nombre étant constitué de gens soudoyés par les chefs juifs pour dire à Pilate : « Crucifie-le ! ». Ils sont mal à l’aise, surtout ceux qui ont entendu parler des miracles de Jésus ou qui en ont été les témoins. Les chefs ricanent, les soldats se moquent de lui, un des malfaiteurs condamnés avec lui l’injurie… Ce Jésus est quelqu’un qui n’a jamais vécu dans un palais, qui n’a jamais porté de vêtements de luxe ; il est né dans une étable, dormait à la belle étoile ; c’est une pierre qui lui servait d’oreiller ; il n’avait pas de biens propres ; il vivait des aumônes que lui donnaient les gens qui avait été touchés par son enseignement ou guéris par lui. Enfin il agonise au milieu de deux brigands. Or, il y a un panneau au-dessus de sa tête avec cette inscription : « Celui-ci est le roi des juifs ». Ce panneau a été placé là à la demande de Pilate pour se venger des juifs qui l’avaient obligé à condamner un innocent. Ce n’est pas par conviction que Pilate a donc mis cet écriteau qui agaçait les chefs mais par provocation.

Et pourtant Jésus est roi…

Il est roi, l’autre malfaiteur le reconnaît ; il reprend l’autre : « tu n’as même pas la crainte de Dieu, notre châtiment est juste, mais lui n’a rien fait ». Puis il ajoute : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne ».

La réponse de Jésus est solennelle et royale : « En vérité je te le déclare : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ». Il est vraiment roi. Lui seul est vraiment roi. Saint Paul nous dit : « Tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui. »

Il est roi de l’univers car il a autorité sur tout, sur les maladies, sur les démons, sur la nature, sur la mort…

Ce monde qui s’éloignait de Dieu, qui courait à sa perte, il y vient, il décide d’en faire partie pour le ramener au Père et donc à la source de la Vie pour qu’il vive en lui.

Nous aussi, en Jésus, nous sommes des rois et des reines.

Le jour de notre baptême le ministre déclare que nous sommes rois ou reines.

Evidemment cela ne veut pas dire que nous habitons dans les palais au milieu de courtisans, ce n’est pas ainsi nous l’avons vu que Jésus a vécu sa royauté. Mais si nous sommes en lui nous participons de tout ce qui est à lui y compris son autorité sur le mal et sur la nature et surtout nous serons comme lui des serviteurs les uns des autres car c’est comme cela que Jésus a vécu sa royauté, il a vécu pour les autres et non pour lui-même. Mais, le palais nous l’aurons quand même, et il sera non de briques mais de pierres précieuses, le jardin dans lequel nous nous promènerons sera infiniment plus beau que celui du merveilleux jardin de Cyrus le Jeune à Babylone qui, en grec, se disait Paradeisos.

+ Alain Ransay, évêque de la Guyane