Passe en Macédoine !

« Paul désirait l’emmener [Timothée] ;

il le prit avec lui et le fit circoncire

à cause des Juifs de la région,

car ils savaient tous que son père était grec »

Actes des Apôtres 16,1-10

 

Toute l’âme de Paul est dans ce verset ! Intransigeant sur les principes de la foi, il demeure ouvert à tout ce qui peut favoriser la paix quand les principes ne sont pas en cause. Il s’est battu, tout au long de sa vie, pour que la circoncision ne soit pas réclamée des païens qui se convertissaient au Christ, car, disait-il avec justesse, c’est la foi qui sauve et non les pratiques cultuelles. Voilà pour l’intransigeance.

 

Mais ici, il se trouve en contact avec un jeune homme, apprécié de tous, dont la mère est une juive devenue croyante et le père est un païen. Une personne est juive par sa mère, toujours. La judaïté ne dépend donc pas d’un choix mais d’une filiation matriarcale. Paul ne voit pas d’inconvénient à ce que son disciple satisfasse à l’exigence de son peuple.

« Pour tenir compte des Juifs de la région », voilà la motivation de Paul. Il sait qui sont ceux qui peuvent se dresser contre lui, mais il ne les méprise pas. Autant il n’accepterait pas d’obliger un païen à la circoncision, autant il reconnait qu’il est légitime de l’exiger d’un enfant juif. La circoncision alors, n’est pas vue comme une nécessité pour être sauvé, mais comme un signe d’appartenance à son peuple.

C’est la marque des grands que de ne jamais mépriser leurs ennemis, mais de faire la part des choses. Paul l’était : « Je me suis fait Juif avec les Juifs afin de gagner les Juifs. Ils observent la Loi ? Moi aussi j’observe la Loi, bien que je n’y sois pas tenu, parce que je veux gagner ceux qui observent la Loi. Avec ceux qui n’ont pas la Loi, je suis celui qui n’observe pas la Loi (en réalité je ne suis pas sans loi vis-à-vis de Dieu : ma loi, c’est le Christ). Mais je veux gagner ceux qui n’ont pas la Loi » (1 Co 9,20-21).

La suite du récit n’est pas moins riche d’enseignement : « car le Saint Esprit les avait empêché de dire la

« Passe en Macédoine, vient à notre secours ! ».

Parole dans la province d’Asie… Ils essayèrent d’atteindre la Bithynie, mais l’Esprit de Jésus s’y opposa…. Un Macédonien lui apparut, debout : ‘Passe en Macédoine et viens à notre secours’ » (Actes 16,6…9).  Nous retrouvons ici le But de la Mission : que la Parole circule, et le Protagoniste de la mission, l’Esprit Saint. Paul est au service. Il n’est pas à la manœuvre.

Comment parle-t-il à Paul ? Ce n’est pas dit, sauf une fois, par un songe dans lequel apparaît le Macédonien. Nous pouvons nous référer aux moyens par lesquels l’Esprit nous parle à nous aussi, car ce sont sans doute les mêmes  : la méditation de la Parole, des circonstances qui nous empêchent de faire ce que l’on souhaitait et qui se révèlent ensuite porteuses de l’Esprit, la voix de notre conscience, l’ordre d’un supérieur… Il importe d’avoir le cœur recueilli, ouvert à ce qui se passe en nous (les sentiments intérieurs) et autour de nous (les signes des temps’). Il n’est pas rare qu’on ne s’aperçoive qu’ensuite, de ce que l’Esprit avait à nous dire.

Seigneur Jésus, nous savons que ton cœur est large, délibérément large au-delà de toute mesure. Ton apôtre Paul l’a appris de toi. Il s’est fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Ouvre notre cœur à cette magnifique grandeur d’âme et à sa disponibilité à l’Esprit Saint.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane