Seigneur, ne me lâche pas, même lorsque j’ai du mal à te comprendre

Première lecture
3ème dimanche du temps de l’Église – B

« Ninive était une ville extraordinairement grande : Jonas la parcourut une journée à peine en proclamant : ‘Encore quarante jours, et Ninive sera détruite !’ Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac. »

Jonas 3,1-5.10.

L’histoire de Jonas est exemplaire à bien des égards. Nous lisons aujourd’hui le récit de la conversion des gens de Ninive. Ces gens-là ne connaissaient pas le Dieu d’Israël, le Dieu de Jonas. Mais leur sens moral est suffisamment juste pour que, mis devant la vérité de leurs péchés, ils la reconnaissent, fassent pénitence, et implorent la miséricorde divine. Ainsi, les païens montrent qu’ils ont l’honnêteté foncière nécessaire pour recevoir le salut de Dieu.

Le prophète Jonas est important parce qu’il souligne le fait que le Dieu d’Israël est le Dieu de l’humanité tout entière. D’autres prophètes l’avaient déjà annoncé, mais Jonas le reprend dans une période où beaucoup, en Israël, ont la tentation de se replier sur eux-mêmes et de se fermer au monde extérieur. Ce sont des périodes difficiles, où le sentiment de repli surpasse celui de la fraternité universelle. Ces tentations sont de beaucoup d’époques et de la nôtre aussi. Voilà pourquoi le pape François veut attirer notre attention sur l’amour de Dieu envers tous, et sur le fait que nous ne pouvons pas témoigner de cet amour si nous n’entrons pas dans la dynamique de la fraternité universelle. C’est le sens de sa récente encyclique : Tous frères !

Dieu renonce au mal qu’il avait prévu de faire contre Ninive. Cela va mettre son prophète en colère : il se demande à quoi ça sert d’annoncer un malheur au nom de Dieu, si Dieu change d’avis et ne l’accomplit pas. On dirait qu’il est jaloux.

Ce même prophète, Jonas, avait d’abord refusé la mission que Dieu lui avait confiée puisque, dans un premier temps, il était allé dans la direction opposée, pour finir dans le ventre d’un poisson parce que rejeté par les matelots du bateau dans lequel il se trouvait (voir Jonas 1 et 2). Maintenant, il se rebelle contre la bonté de Dieu envers Ninive ! Décidément c’est un prophète dur de la tête ! Sa tentation est la nôtre, ne nous faisons pas d’illusion.

C’est ainsi que Dieu travaille : son message et ses avertissements sont celui d’un Père miséricordieux, qui ne cherche pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive (cf. Ezéchiel 18,32). Un Dieu qui travaille à travers des messagers qui sont faillibles et ont la tête dure, parfois, mais il a besoin de leur médiation et il ne les lâche pas !

SEIGNEUR, NE ME LÂCHE PAS, MÊME LORSQUE J’AI DU MAL À TE COMPRENDRE !

Seigneur Jésus, aujourd’hui encore ton Eglise proclame un message de conversion et de salut. Fais que nous soyons obéissants à ton appel comme les gens de Ninive. Fais que nous reconnaissions nos fautes, que nous nous en écartions avec ta grâce, et que nous ne soyons pas durs avec les messagers que tu nous donnes, ni que nous-même ne soyons durs envers nos frères. Car toi, tu es l’icône de la miséricorde du Père.

Mgr Emmanuel Lafont