Ne prends pas le deuil de ta femme…

«  Fils d’homme, je vais te prendre subitement ta femme, la joie de tes yeux. Et tu ne feras pas de lamentation, tu ne gémiras pas, tu ne laisseras pas couler tes larmes. Pleure en silence, ne prends pas le deuil : enroule ton turban sur ta tête, chausse tes sandales… ne prends pas le repas funéraire »

Ezéchiel 24, 15-24.

 

L’Eglise nous invite aujourd’hui à méditer un deuxième « acte symbolique » d’Ezéchiel, dans la même ligne que celui que nous avons contemplé jeudi dernier. Les gestes parlent plus que les paroles. Encore faut-il bien les comprendre. Dans la vie d’un prophète, tout devient signe. Tout peut être mis en rapport avec la situation du peuple et la Parole de Dieu.

 

Ezéchiel était en exil à Babylone. Il a fait partie de la première déportation, qui eut lieu en 598 avant Jésus-Christ. Il comprend qu’une deuxième catastrophe se prépare, car la politique de son peuple et de ses chefs est proprement suicidaire, de nature à irriter profondément le roi de Babylone. Dans ce contexte, le prophète perd subitement son épouse, qui meurt de façon inattendue et soudaine. Le Seigneur lui fait comprendre que cette peut être vue comme un signe annonciateur d’une nouvelle déportation, et il ressent, venant de Dieu, l’appel à faire de cette mort une annonce.

 

Du coup, il refuse de faire le deuil, d’en emprunter les voies coutumières, bref, Dieu l’invite à étonner les siens une fois de plus. Et c’est ce qui arrive : devant ce refus de faire le deuil, les gens lui dirent : « Vas-tu nous expliquer ce que tu fais là ? Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ? » Alors Ezéchiel peut annoncer en oracle venant de Dieu le malheur qui approche. Ainsi, quand cela arrivera, « Vous saurez que je suis le Seigneur Dieu ! »

 

Seigneur Jésus, tout ce qui nous arrive n’est pas directement programmé par toi comme si nous étions des marionnettes dans tes mains ou dans les mains de ton Père. Cependant, dans tout ce qui nous arrive, tu nous appelle à lire comme un message, un avertissement parfois, un réconfort souvent, un appel à mieux vivre selon l’inspiration de ton Esprit, toujours. Apprends-nous, comme tu l’as fait à Ezéchiel, à écouter l’Esprit qui éclaire pour nous les « signes des temps » dont notre vie est remplie.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane