Quand vous priez dites : « Notre Père »…

« Il arriva que Jésus, en un certain lieu, 

était en prière. Quand il eut terminé,
un de ses disciples lui demanda :
‘Seigneur, apprends-nous à prier’
»

Luc 11,1-13.

 

Luc est l’Evangile de la prière. Il a offert à tous trois prières chantées chaque jour par tous les prêtres, les religieux, les religieuses, les moines, les moniales, et beaucoup de communautés paroissiales et nouvelles : le matin le Cantique de Zacharie (Benedictus, cf. Luc 1,68-79), en soirée le Cantique de Marie (Magnificat, cf. Luc 1,42-55) et avant le repos de la nuit le Cantique de Siméon (Nunc dimitis, cf. Luc 2,29-32).

 

Luc expose très souvent la prière de Jésus : après son baptême, à la fin de ses journées, tôt le matin, avant de choisir ses disciples… C’est dans le contexte de la prière de Jésus que Luc nous présente le Notre Père, comme une réponse à la requête des disciples. Matthieu, quant à lui, a placé le Notre Père dans le contexte du Sermon sur la montagne (cf. Matthieu 6,9-15).

 

Les disciples demandent au maître « Seigneur, apprends-nous à prier ! » S’ils font cette requête, c’est parce que Jésus s’est laissé voir dans sa prière. C’est beau de méditer sur cela : la prière de Jésus donne à ses disciples le désir d’être formés par lui dans la prière ! Comme le disait le Bx Frédéric Ozanam, on ne prie pas pour se faire voir, et Jésus avait critiqué fortement ceux qui prient pour être vus (cf. Matthieu 6,7-8). Cependant, ajoute le Bx : « on peut se laisser voir… ». Donner aux autres le goût de la prière fait partie du témoignage du chrétien.

 

La prière que nous offre Jésus est devenue le modèle de toutes les prières. C’est le résumé de l’Evangile ! Je n’en retiens aujourd’hui que les trois premières demandes. Par celles-ci, Jésus nous tourne d’abord vers le Père pour nous inciter à entrer dans son projet, dans sa volonté ! Avant de demander ce dont nous avons besoin, nous nous tournons vers le désir du Père : être connu (sanctifié), étendre son règne d’amour et de miséricorde, chercher dans notre vie sa volonté. Le reste viendra par surcroît, car le Père « sait bien ce dont nous avons besoin » (Matthieu 6,8).

 

Seigneur Jésus, tu es le Maître de la communion intime avec le Père, toi qui ne fais qu’un avec Lui, toi dont la nourriture est de ‘faire sa volonté’. Apprends-moi à prier non pas pour faire connaitre à Dieu ce qu’il sait mieux que moi, mais pour me laisser conduire dans sa volonté sur moi, à chaque instant.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane