Nul n’est prophète en son pays

« Ils étaient frappés d’étonnement 

et disaient : ‘D’où lui viennent cette

sagesse et ces miracles ? N’est-ce

pas le fils du charpentier ?’ »

Matthieu 13, 54-58.

 

L’épisode du séjour de Jésus à Nazareth demeure l’un des plus obscurs de l’Evangile. « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reconnu » (Jean 1,11), cette remarque est particulièrement pertinente à Nazareth. Ses voisins l’ont connu tout petit. Pour eux, il est toujours le petit. Comment pourraient-ils se mettre à son école ? Cette tentation guette chaque chrétien. A force de connaitre le Seigneur, n’avons-nous pas la tentation de ne même plus écouter ce qu’il vient nous dire aujourd’hui, par rapport aux circonstances nouvelles, ou tout simplement par rapport à notre comportement irresponsable ?

 

Un autre aspect de cet Evangile est également troublant. Qui sont donc ces frères et ces sœurs dont parle l’évangéliste ? Il les nomme même par leur nom. Sont-ils frères, cousins ? L’Evangile dit « frères » et « Sœurs ». Pour beaucoup de chrétiens, en dehors de l’Eglise catholique, cela signifie simplement que Marie a eu d’autres enfants, ce qui remet en cause notre foi dans la virginité de Marie.

 

Le texte de l’Evangile seul ne nous permet pas de dirimer ce débat. Je m’en tiens à la tradition de l’Eglise qui, depuis toujours, n’a pas compris ces versets dans le sens cité plus haut et qui n’a cessé de glorifier la virginité de la Mère de Jésus. Assistée par l’Esprit Saint, elle ne peut me tromper. Et d’ailleurs, les « frères et sœurs » de Jésus n’ont jamais utilisé leur relation familiale pour réfuter la foi de l’Eglise.

 

Seigneur Jésus, je fais partie de ta famille, certes par adoption, par la grâce de Dieu qui m’a fait le privilège de la foi. Ne permets pas que je me sépare de toi et de ton enseignement sous le prétexte que je te connaitrais déjà. Et garde-moi dans un amour indéfectible pour ta mère, que tu m’as aussi offerte comme mère. Ainsi je suis doublement ton frère : par l’adoption et par la maternité que Marie exerce sur moi.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne