La foule était suspendue à ses lèvres

« Les grands prêtres et les scribes, ainsi que les notables, cherchaient à le faire mourir, mais ils ne trouvaient pas ce qu’ils pourraient faire ; en effet, le peuple tout entier, suspendu à ses lèvres, l’écoutait »

Luc 19,45-48.

 

Le récit de l’explosion de colère de Jésus contre les marchands dans le Temple de Jérusalem a pris chez Luc une couleur tout à fait particulière, propre à la sensibilité spirituelle de l’auteur du troisième Évangile. D’abord, l’action de Jésus n’est pas détaillée du tout ; il est simplement dit qu’il se mit à expulser les vendeurs. Ensuite, Luc prend bien soin que le peuple tout entier était suspendu aux lèvres du Maître.

 

Luc n’aime pas la violence. Il ne dit rien sur une corde que Jésus aurait saisi pour chasser les vendeurs, ni qu’il ait renversé les tables. Il est très discret. Ce qui l’intéresse n’est rien d’autre que la dimension spirituelle de l’événement : Jésus refuse tout commerce de la grâce et de la miséricorde de Dieu son Père. En effet le commerce dans le Temple n’est pas banal. Ce qui est vendu ce ne sont pas des objets profanes, c’est l’accès au pardon !

 

Luc prend également bien soin d’exonérer le peuple de toute responsabilité dans le procès et la mort de Jésus. Il excuse autant qu’il peut et circonscrit les responsables aux chefs religieux et politiques du pays. Son regard sera le même pendant tout le procès, où il évitera autant que possible d’associer la foule à l’accusation. Luc regarde les choses avec le pureté de son cœur, car « tout est pur pour les purs » (Tite 1,15).

 

Seigneur Jésus, retire de mon cœur toute tentation d’accusation sans preuve, de jugement généralisé sur les personnes et sur les groupes. Certes, je dois reconnaître et dénoncer le mal, mais que je reste toujours pur et bienveillant envers les personnes, à ton image, et selon l’exemple de ton évangéliste Luc.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane