Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis

« ‘Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume.’ – Amen, je te le dis, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis’ »

Luc 23,35-43.

 

Nous participons aujourd’hui à la première canonisation officielle ! Toute la force de la royauté de Jésus est résumée dans cet acte si fort du pardon et de la justification ! Oui, le Christ est roi ! il est roi d’une manière unique. Il est le roi de tous, il est le roi des petits, des condamnés, des destitués, des exécutés – comme lui. Nous sommes donc des fils de roi. J’aime tellement cette expression de Jean Pliya, si magnifiquement déployée dans deux ouvrages remarquables :  prier comme un enfant de roi, donner comme un enfant de roi ! Oui ou non, est-ce que je prie comme un fils de Roi, heureux et confiant, ou comme un fils de mendiant, réclamant sans cesse pour moi-même ?

 

Il est roi sur la croix. Voilà le second mot magique de ce jour. La croix ! sur le bois de la Croix, Jésus manifeste un amour par lequel il met sur son dos notre souffrance, notre angoisse, nos peines et nos échecs. Il connait notre vie dans toutes ses dimensions, y compris celle de l’injustice et de la mort. La lettre aux Hébreux dit : « il fallait que Dieu le rende parfait au moyen de la souffrance ». Quel mystère ! Je pense à la fille de Patrice Clet, qui a pu dire, cette semaine, pendant le procès, s’adressant aux meurtriers de son père : « Même si vous croyez que vous êtes impliqués moins que d’autres, la vie est un choix. J’aurai pu partir à la dérive après ça, mais j’ai fait un choix. » Qu’est-ce que je fais de mes épreuves, quel choix ?

 

Il est roi par le pardon qu’il accorde. Il est venu pour cela. Pour que la violence cesse, par le pardon, la miséricorde et la solidarité. Par l’amour. Bien sûr, il ne peut rien face à celui qui se ferme. Ainsi, est-il désarmé face au larron qui l’insulte. Mais il peut tout pour celui qui lui fait confiance. La miséricorde seule peut changer le monde et les gens. Je pense au fils de Patrice Clet, David, qui a pu dire aux meurtriers de son père : « C’est vrai qu’il ne va pas me rendre mon père mais je pardonne Douglas. Il n’a pas eu la vie qu’on a eu… Je n’oublierai jamais mais je ne peux pas rester là, à les détester. » Et moi ? Où en suis-je de mes rancœurs et de mes jugements sur les autres ? Ai-je compris la valeur du pardon. ?

 

Seigneur Jésus, toi le roi des roi, béni sois-tu car tu as fait de moi un fils de roi, tu donnes un sens profond à mes souffrances et même à mes échecs. Tu m’invites à la force du pardon, pour moi-même et pour les autres, béni sois-tu ! Sois vraiment le roi de mon cœur.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane