Qui a créé tout cela ?

« À qui pourriez-vous me comparer, qui 

pourrait être mon égal ? – dit le Dieu saint.

Levez les yeux et regardez : qui a créé tout cela ?

Celui qui déploie toute l’armée des étoiles »

Isaïe 40,25-31.

 

L’auteur de cet oracle habitait à Babylone avec le peuple en exil vers 540 avant Jésus-Christ. Demeurant auprès de païens idolâtres de dieux nombreux, des créatures divinisées, le peuple juif a pris conscience d’une manière beaucoup plus forte qu’il n’y a, dans l’univers, qu’un Seul Dieu, créateur de tout ce qui existe. Jamais on n’avait proclamé avec une telle force la foi en un Dieu Unique, tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre et de tout ce qui existe.

 

Jusque-là en effet, les Juifs adoraient le Dieu de Moïse, YHWH, dont ils ne prononçaient pas le nom, par respect. Mais ils pensaient que les autres peuples avaient eux aussi un ou plusieurs dieux. Désormais, devant les excès ridicules des cultes babyloniens, ils en sont venus à croire, d’une manière définitive, que YHWH est le Dieu de tous les peuples et pas seulement d’Israël. Ce progrès dans la foi, établi pendant l’Exil, s’appelle le passage du monoyahvisme au monothéisme (d’un seul YHWH à un seul Dieu).

 

Et nous, catholiques du XXIème siècle, pouvons-nous affirmer avec autant de force et de courage, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, tout puissant, et que tout le reste n’est rien, sinon des créatures qui ne tiennent que par lui ? N’avons-nous pas, nous aussi, comme les babyloniens, quelques idoles, comme par exemple le dieu-argent dont parle le pape François ? Ou le dieu-corps avec quoi nous faisons ce que nous voulons, ou encore le dieu-pouvoir par lequel on écrase les autres ?

 

Seigneur Jésus, nous avons tellement de tentations dans notre monde que souvent, du bout des lèvres, nous proclamons un Dieu unique alors que dans notre cœur bien d’autres réalités cherchent à régner sans que notre être ne s’y oppose. Nous proclamons que tu es saint, mais nous avons de la peine à témoigner de la foi simple et profonde du prophète et de ton peuple. Pardonne-nous et fais que, pendant ce temps qui nous conduit à Noël, tout, dans notre conduite, nos choix et notre comportement, nos paroles et nos actes soient une proclamation ferme de notre foi en toi, Jésus, en Dieu le Père et l’Esprit saint, le Dieu unique et véritable !

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane