Alors se dessilleront les yeux des aveugles…

« Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. »

Isaïe 35,1-6a.10.

 

Le message d’Isaïe est aujourd’hui un message de réconfort. Il vient ici pour préparer la lecture de l’Evangile de ce jour, qui nous rapporte la question de Jean-Baptiste à Jésus et la réponse de ce dernier. On s’étonne que Jean, celui qui devait présenter au monde le Messie, aie des doutes sur son identité. Il connaissait bien les Écritures et notamment les oracles d’Isaïe, le plus grand des prophètes après lui ! Pourtant, il est étonné, car il avait lui-même annoncé Jésus comme celui qui allait récompenser les justes et punir les pécheurs.

Au lieu de cela, Jean-Baptiste, qui entend depuis sa prison ce qu’on raconte sur le Seigneur, comprend que la mission de ce dernier est beaucoup plus miséricorde, pardon, guérison, que jugement à la manière des hommes, œil pour œil et dent pour dent. De cela vient sa question. Jésus y répond en des termes proches de ceux d’Isaïe : il est venu pour sauver et non pas pour juger.

Beaucoup de gens s’affolent, aujourd’hui, et les signes de désespérance sont nombreux. Pour les uns, c’est le manque de tout : de travail, de santé, de sécurité alimentaire. Pour les autres, c’est le stress, l’insécurité, la peur de la violence rampante. Dieu dit à tous « courage, ne craignez pas ! ». Il annonce sa venue. Sa revanche, en hébreu, veut dire sa protection.

L’appel de Dieu consiste moins à tout attendre de lui qu’à nous tourner vers lui. Se « tourner vers » en hébreu, cela se traduit par « se convertir », c’est-à-dire entrer dans sa logique, dans sa volonté, sortir de nos manières de faire qui ne lui plaisent pas. Se convertir, cela nous appelle à entrer dans la logique de l’amour, de la proximité et de la fraternité sans frontière.

Se convertir, cela implique de reconnaître que Jésus est bien présent dans notre monde et qu’il suffit d’ouvrir les yeux pour le découvrir, pourvu que notre regard soit bienveillant et sensible aux signes de l’Esprit. Alors on le retrouve dans les gestes d’amour, de partage, le courage devant l’adversité et le soutien que les uns et les autres ne cessent de s’apporter.

Seigneur, je le crois, tu viens nous sauver. Et je le vois tous les jours. Nous sauver, pour toi, ne veut pas dire nous prendre pour des petits enfants pour lesquels on fait tout, cela veut dire ouvrir les yeux de notre cœur pour nous donner le courage de vivre dans la sainteté, comme ton fils Jésus. Guéris mon cœur, Seigneur, je veux te voir.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane