« N’aimez pas le monde, ni de ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. Tout ce qu’il y a dans le monde — la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse — tout cela ne vient pas du Père, mais du monde. »

 

1ère lettre de Jean 2,12-17.

Il y a, dans la spiritualité de l’apôtre Jean, plusieurs manières de parler du monde. Tantôt l’apôtre nous parle de l’humanité que Dieu aime tellement qu’il a envoyé son propre Fils, non pas pour le juger, mais pour le sauver (cf. Jean 3,16), tantôt il en parle comme l’expression des forces obscures qui refusent le message d’amour et qui, de ce fait est déjà jugé et vaincu : « Dieu a fait le monde par lui (le Verbe), et pourtant le monde ne l’a pas reconnu » (Jean 1,10) ; et encore : « Vous aurez à souffrir dans le monde. Mais courage ! J’ai vaincu le monde ! » (Jean 16,33).

C’est de ce monde-là, hostile au Christ et aux Chrétiens, dont Jean nous parle aujourd’hui : n’ayez pas l’amour du monde. Il le décrit pour que nous puissions bien comprendre : ce qu’il représente, ce monde, ce sont « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse… », autant de choses qui nous tentent sans arrêt. Au fond, nous aimerions bien appartenir au Christ sans dire vraiment non à tout cela. Mais ça n’est pas vraiment possible !

Alors il nous faut faire encore un effort sur nous-mêmes. Un effort pour être davantage conduits par le Christ car autrement, nous sommes prévenus, nous n’avons pas l’amour du Père ! Ce faisant, nous répondrons à l’appel du Christ qui demande à ses disciples d’être parfaits comme son Père céleste et parfait (cf. Matthieu 5,48). Et nous répondrons à l’appel de notre pape François qui, dans sa Lettre Apostolique La joie de l’Evangile, nous demande de résister à ce qu’il appelle la mondanité spirituelle : « Que Dieu nous libère d’une Église mondaine sous des drapés spirituels et pastoraux ! Cette mondanité asphyxiante se guérit en savourant l’air pur du Saint Esprit, qui nous libère de rester centrés sur nous-mêmes, cachés derrière une apparence religieuse vide de Dieu. Ne nous laissons pas voler l’Évangile ! » (Evangelii Gaudium 96).

 

Seigneur Jésus, tu nous donnes ce temps de Noël, ce temps de joie intense, pour découvrir à quel point tu es vainqueur de ‘monde’ non pas par les armes ou l’arrogance, mais par l’extrême humilité, le détachement des biens et une existence d’enfant qui reçoit tout de ses parents. Donne-nous de pratiquer davantage ces qualités et de ne pas nous laisser abuser par l’illusion qui nous est promise tous les jours de ‘vivre comme tout le monde’.

 

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane