Tout homme juste est né de Dieu

« Mes bien-aimés, puisque vous savez 

que Dieu est juste, reconnaissez aussi

que tout homme qui vit selon la justice

de Dieu est vraiment né de lui. »

1ère lettre de Jean 2,29 – 3,6.

 

Parmi les enseignements de Jean, dont la profondeur est immense, cette parole se détache pour moi d’une manière tout à fait particulière. Elle affirme que toute personne qui vit selon la justice de Dieu est vraiment née de lui. Je pense à beaucoup de personnes qui sont sur la terre et qui ne connaissent pas le Dieu de Jésus Christ. Elles sont plus nombreuses que les chrétiens, puisqu’il y a sur terre 7 milliards d’êtres humains, tandis que les chrétiens, aujourd’hui, sont environ 2 milliards. Je compte en effet tous ceux qui se réclament du Christ, quelle que soit leur confession, catholique ou non.

Parmi les 5 milliards de personnes qui ne connaissent pas – ou ne reconnaissent pas – le Christ, il y a beaucoup de gens qui, objectivement, vivent cela la justice de Dieu. Ils sont droits, honnêtes, généreux, respectueux d’eux-mêmes et des autres. Jean affirme que ces gens-là sont vraiment nés de Dieu, et il a raison. Je pense à Gandhi, par exemple, ou à tant d’autres, comme Joe Slovo, Baal Shem Tov, Rabbi Abraham Heschel, Sadhu Sundar Singh, Jean Hus, Albert Luthuli, Vinoba Bhave, Etty Hillesume… Bien sûr, personne n’est parfait, sauf Dieu, et même les saints sont des pécheurs qui se relèvent, avec la grâce de Dieu.

Cela veut dire que toute qualité humaine : l’amour, la vérité, la justice, la bonté, le pardon, la beauté, sont des signes de la présence de Dieu dans une personne. Qu’elle ait conscience ou non que cela vient de Dieu est secondaire. Elle est vraiment née de Dieu !

Cela veut dire aussi que tout chrétien se doit de reconnaitre dans ces personnes, dont les convictions philosophiques ou religieuses sont différentes des siennes, un être « habité par Dieu » et dans lequel demeure l’Esprit saint.

Seigneur je te remercie parce que, tout au long de ma vie, des personnes que j’ai rencontrées m’ont parlé de toi alors qu’elles ne te connaissent pas. Sans le savoir, elles vivaient de ta justice, de ta bonté, de ton sens de l’autre et du pardon. Pour ces personnes qui m’ont invité à être plus proche de toi, plus reconnaissant de ta présence en elles, je te remercie aujourd’hui. Donne-moi de toujours reconnaitre et célébrer ta présence dans les autres, tous les autres !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane