Dieu rassemblera tous les peuples

« Je vais prendre les fils d’Israël parmi les nations où ils sont allés

et je les rassemblerai de partout et les ramènerai sur leurs terre.

J’en ferai une seule nation dans le pays, sur les montagnes d’Israël.

 Ils n’auront tous qu’un seul roi ; ils ne formeront plus deux nations »

Ézéchiel 37,21-28.

Ézéchiel est un des grands prophètes du temps de l’Exil, entre 597 et 538 avant Jésus-Christ. Il a vu l’effondrement du Royaume de Juda, dont la capitale était Jérusalem, en 587. Il avait entendu parler de l’effondrement du Royaume d’Israël, dont la capitale était Samarie, en 721 avant Jésus Christ. Il annonce que la fin de l’Exil sera également la fin de la séparation, de la division du peuple en deux nations.

Dans le plan de Dieu, en effet, l’humanité ne doit former qu’une seule famille. Une famille universelle, on dirait en grec une famille « catholique ». Catholique en effet veut dire « universel ». Ézéchiel annonce ici le projet de Dieu qui se réalisera dans le Christ, qui n’a pas seulement rassemblé les deux peuples du monde juif, mais les Juifs et tous les autres, les « païens » : « Par la croix il a tué la haine : il a réconcilié avec Dieu les deux peuples devenus un seul corps. Il est venu annonçant la paix à vous qui étiez loin, et la paix aussi à ceux qui étaient proches. Par lui nous venons au Père, les uns et les autres, dans un même Esprit. » (Éphésiens 2,16-18).

L’Eglise a vocation à rassembler toute l’humanité dans son sein. Elle est, en effet, le « signe et le sacrement de la communion avec Dieu et de l’unité du genre humain » (Vatican II, constitution Lumen gentium sur l’Eglise, 1). Signe et Sacrement. On comprend son désir, aujourd’hui, d’entrer en dialogue œcuménique avec toutes les confessions chrétiennes, mais aussi en dialogue interreligieux avec toutes les religions et en dialogue interculturel avec toutes les convictions.

C’est dans le Christ que toute l’humanité est appelée à se rassembler. L’Eglise en est le signe visible, sacramentel, elle réalise en son sein la catholicité puisqu’elle est répandue sur toute la terre ; elle en est la promotrice par sa mission d’évangélisation par le dialogue. Elle veut ce dialogue – elle ne peut pas l’imposer, elle le propose – plus que tous les autres. C’est sa mission et sa grâce. On le voit bien ces jours-ci : qui, à part François, a une voix « universelle », qui interpelle, soulage, indique la direction à tous ?

Seigneur Jésus, tu es ce Berger, cette Lumière du Monde, ce Chemin, cette Vérité, cette Vie, ce Sauveur par lequel Dieu veut rassembler tous ses enfants dispersés. Rends-moi joyeux et fier de connaître ta mission et fais-moi la grâce d’en être un protagoniste humble et joyeux.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane