Ordonne au peuple d’Israël de se mettre en route

« En ces jours-là le Seigneur dit à Moïse : ‘Pourquoi crier vers moi ? Ordonne aux fils d’Israël de se

mettre en route ! Toi, lève ton bâton, étends le bras de la mer, fends-là en deux, et que les fils d’Israël entrent au milieu de la mer à pied sec »

Exode 14,15 – 15,1.Or

La veillée pascale constitue pour les chrétiens un temps de méditation sur le sens de l’histoire comme sainte, parce que marquée par la présence de Dieu, à l’origine et au terme de toutes choses dans l’univers. La première lecture offre une image impressionnante de la création, à la fois lyrique, poétique et cependant non dénuée d’une analyse déjà scientifique ! Mon Dieu, tu es grand tu es beau, Dieu vivant Dieu Très-Haut, Tu es le Dieu d’amour. Mon Dieu, tu es grand tu es beau, Dieu vivant Dieu Très-Haut, Dieu présent, en toute création !

La deuxième lecture narre le passage de la mer Rouge, lorsque les Hébreux, fuyant l’esclavage en Égypte sous la conduite de Moïse, sont miraculeusement protégés contre l’arrivée des chars de Pharaon. L’eau, qui pour les uns – l’armée du pharaon – est mortifère et devient leur tombeau, ne retient pas les autres. Ainsi les Hébreux sont passés par la mer, mais ils en sont sortis vivants, comme on sort d’un tombeau.

Le récit est épique : on lit que Dieu invite le peuple à ne pas crier, à faire confiance et à se bouger ; il invite Moïse à se tenir droit devant la mer. Alors le miracle devient possible et le Seigneur fait le reste.

Le récit est prophétique. Jésus, dans sa passion, revit l’épopée d’Israël : il travers la mer Rouge de la mort, le vendredi saint, mais il n’en reste pas prisonnier. Il sort victorieux et vivant du tombeau, libre de tout et de tous. Nous-mêmes, par le baptême (le mot grec baptisma veut dire « plongeon »), nous sommes plongés symboliquement dans la mort de Jésus et nous ressuscitons à la vie nouvelle des enfants de Dieu.

Aujourd’hui, alors que nous célébrons Pâques en pleine pandémie du coronavirus, et que nous nous battons contre ce virus, la fête de Pâques revêt une importance extraordinaire : elle annonce la victoire : nous sortirons de cette pandémie comme on sort d’un tombeau. Il nous revient d’être debout et de ne pas avoir peur : l’obéissance aux demandes des autorités est essentielle.

Nous sortirons différents, car nous aurons appris de cette pandémie que notre manière de vivre conduit à des catastrophes : abus des biens de la terre, injustice entre les hommes, accaparement des richesses par un petit nombre, course effrénée à la consommation comme si les richesses de la terre étaient infinies et comme si le vrai bonheur était matériel… tout cela est mauvais, divise et prépare des drames très graves pour tous.

Oui, comme Jésus est sorti du tombeau, le même mais différent, nous sommes appelés à sortir de cette pandémie différents dans notre manière d’être entre nous, avec la nature, avec Dieu et même dans notre rapport à nous-même.

Seigneur Jésus nous voulons te bénir et de glorifier, toi qui as passé la mort par amour pour nous, mais qui n’a pas été détruit. Tu es sorti vainqueur, vivant à jamais, d’une vie divinisée et d’un corps devenu « spirituel ». tu es sorti comme premier né de nous tous, premier né d’entre les morts et tu nous entraines dans ta victoire. Puissions-nous, après avoir combattu avec dignité et respect mutuel cette horrible pandémie, créer une civilisation de l’amour selon ton enseignement et ton exemple. Sois notre force, notre lumière, notre chemin et notre vie !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane