« Tous ceux qui étaient devenus 

croyants vivaient ensemble, et ils

mettaient tout en commun ; ils

 vendaient leurs propriétés et leurs

biens, pour en partager le prix »

Actes des Apôtres 2,42-47.

Pendant tout le temps pascal, le dimanche et en semaine, l’Eglise nous invite à méditer le livre des Actes des Apôtres. Écrit par l’évangéliste saint Luc, il nous offre une vivante image de l’Eglise du temps des apôtres, l’Eglise apostolique. Et dans les premiers chapitres, la communauté chrétienne idéale nous est décrite à trois reprises : 2,42-46 ; 4,32-37 et 5,12-16. Ces petits textes sont de véritables « sommaires » de l’idéal chrétien.

Parmi les caractéristiques de la vie chrétienne communautaire, il y a le partage des biens. En effet, croire au Christ inclut une double conversion, communautaire et économique. Communautaire parce qu’un chrétien est, par nature, membre d’une nouvelle famille, l’Eglise. Se dire chrétien et vivre tout seul est une contradiction : « A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres », avait averti Jésus (cf. Jean 13,35).

Une deuxième conversion est « économique » et elle est résumée dans le verset complémentaire de celui que j’ai choisi en titre : « La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et une âme ; aucun d’eux ne considérait comme sien ce qui lui appartenait, mais ils mettaient tout en commun » (Actes 4,32). Cela veut dire que celui qui devient chrétien, disciple du Christ regarde tout ce qu’il possède d’une manière toute nouvelle : cela ne lui appartient plus exclusivement : il doit le partager avec l’Eglise et avec les pauvres.

Dans notre Eglise de Guyane, ce rappel est d’une grande importance. Si pendant des années, l’Eglise a pu être assistée par la générosité des chrétiens de France et par la contribution publique à la vie matérielle des prêtres, l’heure vient où elle devra compter sur la générosité de ses fidèles. Je prie pour que nous tous, qui sommes les membres de cette Eglise guyanaise, nous soyons à la hauteur du défi qui est devant nous : assurer à notre Eglise et aux nombreux pauvres de notre région, l’assurance d’un amour concret, celui qui va jusqu’au partage de nos biens.

Seigneur Jésus, de riche que tu étais auprès du Père, tu t’es fait pauvre pour nous enrichir de ta pauvreté. Accorde-nous la grâce de savoir partager les biens que nous avons reçu de toi pour que personne ne manque du nécessaire et que la mission d’évangélisation de l’Eglise s’accomplisse sans entraves.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane