Il vaut mieux obéir à Dieu

« ‘Nous vous avions formellement interdit 

d’enseigner le nom de cet homme-là’.

Pierre avec les Apôtres, répondit alors : ‘Il

 faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes’ »

Actes des Apôtres 5,27-33

La deuxième comparution de Pierre et de ses compagnons devant le sanhédrin, la cour suprême des Juifs, nous vaut cette magnifique passe d’armes : la peur des uns de voir revenir celui dont ils ont voulu se débarrasser à peu de frais : leurs œuvres refusent la lumière ; l’assurance tranquille des autres, dans lesquels resplendit la puissance de la présence du Christ : la lumière n’a que faire de la crainte.

La réplique de Pierre définit une fois pour toutes le caractère universel de la clause de conscience : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » elle souligne notre immense dignité et notre profonde liberté. Dignes parce que nous ne dépendons, vraiment, d’aucun être humain mais de Dieu seul. Libres lorsque c’est Dieu qui nous guide. Notre liberté consiste à obéir à Dieu. Devient libre de ses passions et de ses peurs celui qui entre dans la volonté de Dieu.

Dire qu’il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, c’est dire que notre conscience est notre maître ultime. Lorsqu’un conflit naît entre la loi des hommes et la voix de notre conscience, c’est cette dernière qu’il nous faut suivre. Mais aussi, dire qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ne nous exclut pas du tout : il faut obéir à Dieu plutôt qu’à nous-même, si par malheur nous étions tentés de faire ce qui nous plaît plutôt que ce qui plait à Dieu ! Alors, nous devenons semblables à Jésus dont la nourriture était de faire la volonté de son Père (cf. Jean 4,34)

Mais aujourd’hui, des personnes utilisent cette parole pour dénoncer les prêtres et les évêques de France. Selon eux, l’Eglise désobéit à Dieu pour obéir aux hommes en ne permettant pas de rassemblements dans les églises en raison du confinement. Ces personnes se trompent. Dans le cas cité dans la Parole, l’ordre des hommes était de ne pas enseigner au nom de Jésus. Nous n’avons pas reçu de tel ordre et nous ne cessons de parler de lui, à la télévision, dans les radios, les réseaux sociaux… il faut désobéir aux autorités lorsque, dépassant leurs pouvoirs, elles donnent des ordres contraires aux lois de Dieu.

Aujourd’hui, les ordres ne sont pas contraires aux lois de Dieu, au contraire. Ils sont là pour protéger les personnes d’une pandémie qui a déjà fait trop de morts ! Alors, l’Eglise obéit, dans ces circonstances à cette autre Parole de la Bible : « Que chacun soit soumis aux autorités supérieures, car il n’y a d’autorité qu’en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies sous la dépendance de Dieu ; si bien qu’en se dressant contre l’autorité, on est contre l’ordre des choses établi par Dieu, et en prenant cette position, on attire sur soi le jugement » (Romains 13,1-2).

Seigneur Jésus, tu as donné à l’apôtre Pierre et à ses compagnons un courage extrême et une liberté profonde face aux pouvoirs de ce monde et tu as manifesté ainsi la puissance de ta présence dans l’Eglise et dans le cœur de tes disciples. Que leur exemple renforce en nous la détermination à obéir à ton Père et à évangéliser par toute notre vie.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane