j’ai besoin de ton témoignage à Rome

« Le Seigneur vint auprès de Paul et
lui dit : ‘Courage ! Le témoignage
que tu m’as rendu à Jérusalem, il
faut que tu le rendes aussi à Rome’ »
Actes des Apôtres 22,30 – 23,6-11.

Les derniers chapitres des Actes des Apôtres ne seront pas lus entièrement dans les jours qui viennent. Je vous invite à les lire, tranquillement – le récit est très beau – à partir du chapitre 21,1 jusqu’à 28,31.

Nous sommes à Jérusalem. Comme il le pressentait, Paul a été pris à partie par des Juifs et il a fallu l’intervention des Romains pour qu’il échappe à la mort. Astucieux, il se défend devant le procurateur romain en jouant sur les divisions entre ses opposants au sujet de la résurrection. Rappelons-nous qu’à l’époque de Jésus les Juifs étaient divisés sur la question de la résurrection des morts.

La croyance en la résurrection de la chair est très tardive, pour les Juifs. Elle ne date que du 2ème siècle avant Jésus. Elle s’est développée dans la foulée de la guerre des Maccabées contre les Grecs. En 168 avant Jésus Christ, le roi grec Antiochus Épiphane avait décidé de détruire la religion juive. Certains juifs se sont laissé convaincre et ont adopté la culture grecque. D’autres, emmenés entre autres par Juda Maccabée (voir 1 Maccabées 2,1 – 3,9), avaient résisté, pour défendre leur foi. Beaucoup avaient été tués, mais ils avaient réussi à chasser les Grecs de leur territoire (cf. les Livres des Maccabées).

À la suite de cette résistance, certains Juifs avaient compris que Dieu ne pouvait pas laisser dans la mort ceux qui avaient donné leur vie par amour de la Loi ! On peut lire avec grand intérêt 2 Maccabées 7,1-42). C’est ainsi qu’à l’époque de Jésus, les Pharisiens, entre autres, croyaient dans la résurrection des morts. Au contraire, les Sadducéens refusaient cette croyance. Ils ont même essayé de piéger Jésus sur cette question. Les réponses de Jésus sont très belles et très riches : cf. Matthieu 22,23-33. Paul utilise cette différence de convictions pendant son audition devant le commandant de la garde romaine du Temple.

L’effet escompté par Paul réussit. Les Juifs s’écharpent et le commandant met Paul en sureté (cf. 23,10). Dans le verset suivant, Jésus se montre à l’Apôtre et l’invite au courage. Il a besoin de son témoignage de foi, non seulement à Jérusalem, mais aussi à Rome. Il a besoin que Paul témoigne dans l’épreuve même de son arrestation et de sa détention. Paul toujours docile à l’inspiration de l’Esprit Saint, accepte la mission qui lui est ainsi confiée. L’épreuve est aujourd’hui le chemin par lequel il témoignera que le Christ, ressuscité des morts, est le sauveur du monde.

C’est cela, être conduit par l’Esprit : c’est reconnaitre que toutes les circonstances de notre vie sont bonnes pour être témoin de Jésus-Christ : non seulement la parole, mais surtout les actes. Non seulement le courage dans les bons moments, mais surtout le courage dans les moments de souffrance, de maladie, de deuil, de persécution !

Paul a compris que Dieu n’a pas besoin de nous seulement quand ça va bien, mais surtout, peut-être, quand ça va mal, quand nous montrons notre confiance en Dieu dans les moments difficiles. Portes-tu la souffrance ou la supportes-tu ? Offres-tu ta vie, ou attends-tu de Dieu d’être épargné de tout ? Fais-tu de ta vie et de ton bonheur ta propriété, que Dieu serait tenu de protéger toujours, ou bien en fais-tu ce cadeau que Dieu choisit pour manifester sa puissance dans ta faiblesse ?

Seigneur Jésus, il n’est pas de circonstance dans laquelle tu ne sois présent et agissant en moi. Je veux te bénir en tout et te glorifier en tout. Comme Job, j’accepte de toi le bonheur, pourquoi refuserais-je de te rendre gloire aussi dans le malheur ?

† Emmanuel Lafont
Evêque de la Guyane