Paul à Rome – l’Evangile est au centre du monde

PREMIERE LECTURE

SAMEDI DE LA SEPTIEME SEMAINE DE PÂQUES

« Du matin jusqu’au soir, Paul

s’efforçait de les convaincre au

sujet de Jésus, en partant de la loi

de Moïse et des livres des Prophètes »

Actes des Apôtres 28, 16-20.30-31.

Nous voici au terme du livre des Actes des Apôtres. Paul est arrivé à Rome, le centre de l’Empire. Nous sommes vraisemblablement au printemps ou au début de l’été 60. On le dirait en semi-liberté, puisqu’il habite en ville, « avec le soldat qui le gardait » (Actes 28,16). Est-ce lui qui loue l’appartement (Actes 28,30) ?

Paul est bien l’apôtre des païens (cf. Galates 2,7), mais il n’a pas encore renoncé à conduire ses frères juifs jusqu’à la foi en Jésus Christ. Il essaie encore de les convaincre ; Pour lui, tant que tous n’ont pas compris, le travail reste à faire. Il leur parle du matin jusqu’au soir. Quelle constance et quelle éloquence se cachent derrière cette phrase de Luc ? Il le fait en s’appuyant sur leurs livres saintes, la Loi de Moïse et les livres des Prophètes. C’est manifester un grand respect pour leur tradition, et c’est une bonne manière de leur montrer qu’il ne cherche pas à les détourner du meilleur de ce qu’ils ont reçu de leurs parents ; Cela mérite d’être souligné.

Il n’a pas le succès total. Cela n’arrive jamais. Les êtres humains restent libres devant l’annonce de la Bonne Nouvelle. Cela peut être difficile pour les missionnaires, mais ils doivent se faire une raison. Ils sont responsables de la confiance qu’ils accordent ou non aux paroles de Paul, cela ne le regarde pas ; Il est chargé de semer. C’est Dieu qui fait pousser, dans la mesure où le terrain – que dieu seul connait – est constitué de bonne terre !

Selon Luc, une fois l’Evangile annoncé et proclamé au centre, c’est comme s’il avait rejoint les extrémités de la terre, comme Jésus en avait donné l’ordre à ses Apôtres (cf. Actes 1,8). Paul demeure deux ans à Rome (Actes 28,30). Qu’est-il devenu ensuite ? Cela n’intéresse pas Luc de le raconter. Il le sait évidemment, puisqu’il rédige son livre des Actes dans les Années 80, alors que Paul a probablement été décapité en 68. Mais Luc n’a pas écrit une Vie de Paul, pas plus qu’il n’avait voulu rédiger une Vie de Pierre. Son but est de raconter comme la Parole se propage dans le monde entier (cf. Actes 1,8 ; 4,31 ; 6,7 ; 8,4.25.40 ; 11,20 ; 12,24 ; 13,4 ; 15,35 ; 16,10 ; 18,11 ; 19,10.20 ; 28,23.31), sous l’impulsion de l’Esprit Saint.

Qu’est devenu Paul ensuite ? Est-il allé en Espagne comme il le souhaitait (Romains 15,24) ? Ce n’est pas improbable, mais s’il y est allé, ce ne fut pas un succès, sinon, nous l’aurions su ! Il semble bien en tout cas qu’il soit retourné en Asie, comme le suggèrent les informations de 2 Timothée 4,12-15). Puis il serait revenu à Rome soutenir les chrétiens persécutés par Néron. Il y fut enchaîné comme un malfaiteur (2 Timothée 2,9) et il a été décapité en 68, selon les informations données par l’historien Eusèbe. Les restes de Paul et sa tombe ont été retrouvés, au cœur de la basilique de Saint-Paul-hors-les-murs à Rome.

Seigneur, béni sois-tu pour l’apostolat de Paul et de tous les missionnaires qui, depuis deux mille ans, n’ont de cesse de témoigner du Christ, ton Agneau Pascal ! Que son exemple stimule chacun d’entre nous pour que, comme lui, nous nous fassions juif avec les Juifs, amérindien avec les Amérindiens, créole avec les Créoles, hmong avec les Hmong, brésilien avec les Brésiliens, bref, tout à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane