Ils furent remplis de l’Esprit Saint

« Quand arriva le jour de la Pentecôte, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint »

Actes des Apôtres 2,1-11.

 

La fête de la Pentecôte est une fête juive ! Pâques, fête juive – que Jésus célèbre ! (Luc 23,15) – rappelle la nuit où les Hébreux ont vécu leur libération de l’esclavage en Égypte. La fête de la Pentecôte, cinquante jours plus tard, fait mémoire de l’Alliance que Dieu fit avec son peuple dans le désert sur le Mont Horeb, le Mont de Moïse. Cette fête célèbre le don de la Loi. En hébreu, cette fête s’appelle Chavouot (שבועות) ce qui veut dire « semaines ». Pentêkostề hêméra en grec (πεντηκόστη ἡμέρα), signifie « cinquantième jour ».

Cette loi, les Dix Commandements, demeure extérieure au cœur de l’être humain. Elle désigne le mal, sans nous donner la force de le vaincre. Pour cette raison, après que les Hébreux et Israël aient rompu cette alliance de nombreuses fois après leur entrée dans la terre promise, les prophètes, notamment Jérémie et Ézéchiel, ont promis de la part de Dieu une nouvelle alliance dont le don serait l’Esprit Saint.

Jésus a vécu par la puissance de cet Esprit, reçu à son baptême (cf. Marc 1,9-11). Il a offert, par son sang, le sacrifice de la nouvelle alliance (cf. Luc 22,20). Le don de cette nouvelle Alliance sera l’Esprit Saint. Ainsi s’accomplit la prophétie d’Ézéchiel : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai au dedans de vous un esprit nouveau. J’enlèverai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ézéchiel 36,26)

C’est avec une grand à-propos théologique que Luc, dans le livre des Actes, nous offre le récit du don de l’Esprit au jour de la fête juive de la Pentecôte. Dieu accomplit toutes ses promesses. Elles sont sans repentance, ce qu’il a dit, il le fera. La seule exception se voit lorsqu’il profère des menaces. En effet, il s’en détache dès qu’il sent l’esprit de conversion, comme il l’a prouvé à Ninive avec le prophète Jonas (cf. Jonas 3,10). Les images de notre récit reprennent celles de l’apparition de Dieu au Sinaï, le coup de vent le feu etc. nous sommes bien dans un contexte de « théophanie », de manifestation de Dieu. Les images suppléent à ce que les yeux ne peuvent pas voir.

Dans saint Luc, l’effusion de l’Esprit est vue du point de vue des Apôtres et de l’Eglise. Il nous faut du temps pour comprendre les dons de Dieu, la réalité de la mort et de la Résurrection de Jésus. Elle symbolise l’accomplissement des promesses et la continuité entre Israël et l’Eglise. D’où les cinquante jours qui rappellent le Mont Sinaï

Dans saint Jean, l’effusion de l’Esprit est vue du point de vue de Jésus. Elle est liée à la Résurrection et se produit donc le jour de Pâques – c’est ce que nous explique l’Evangile de ce jour, cf. Jean 20,19-23). Ce sont deux regards théologiques complémentaires

L’Esprit saint est bien représenté par les images du vent et du feu. L’image du vent souligne son dynamisme : on ne le voit pas, mais on l’entend et on en voit les fruits : chez les disciples, la peur a disparu, elle a fait place à un courage dont aucune persécution ne peut venir à bout. L’image du feu souligne la chaleur de l’amour, de la tendresse et de la compassion. L’Esprit est un esprit d’unité, de paix, de réconciliation et de paix.

O Seigneur, envoie ton Esprit, qu’il renouvelle la face de la terre ! O Seigneur, envoie ton Esprit.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane