Voici le plus grand commandement

EVANGILE

JEUDI DE LA NEUVIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE

 

« Jésus, voyant que le scribe avait fait 

une remarque judicieuse, lui dit : ‘Tu

n’es pas loin du royaume de Dieu’.

Et personne n’osait plus l’interroger »

Marc 12, 28-34.

 

Ainsi s’achèvent dans l’Evangile de Marc les controverses entre Jésus et les gens de Jérusalem. Après trois interpellations malveillantes, voici enfin une question légitime, de la part d’une personne qui est prête à écouter la réponse de Jésus et à la mettre à profit : « Fort bien, Maître, tu as raison de dire… » Jésus reconnaît l’honnêteté du scribe, et il la loue. La bienveillance attire la bienveillance !

Jésus est le semeur. Il n’arrête jamais de semer la bonne parole. Mais il n’est pas maître de ceux qui sont en face de lui. Les uns sont comme de la bonne terre, tandis que d’autres ressemblent au chemin, aux ronces où au terrain pierreux… (cf. Marc 4, 13-20). J’admire la placidité de Jésus et le respect qu’il a pour chacun. Je rêve que nous, chrétiens, puissions avoir le même respect envers les gens.

J’ai entendu en effet quelque chose de triste. Une femme Wayana du Haut Maroni, malade, qui avait appelé un pasteur, s’est attiré la réponse : « Je ne peux rien pour toi, car tu n’es pas baptisée ». Une autre fois, c’est la secrétaire d’une de nos paroisses qui répond à une grand-mère venant inscrire son petit-fils au catéchisme en octobre : « C’est trop tard ! » Imagine-t-on Jésus dire à quelqu’un qu’il est trop tard ? N’aurait-il pas plutôt répondu : « Va, ta foi t’a sauvée » ?

Ainsi, nous sommes appelés, comme le scribe, à laisser entrer dans notre cœur ce que Jésus vient de lui répondre : le premier et le second des commandements sont les plus grands : aimer Dieu, aimer son prochain comme soi-même. Jésus loue le commentaire du scribe : « [cela] vaut mieux que tous toute offrande d’holocaustes et de sacrifices ». En écoutant cela, je repense à Paul, dans ses chaînes, à Rome, écrivant à Timothée : « enchaîné comme un malfaiteur ». Il n’avait pas l’Eucharistie, il ne célébrait pas la messe, dans sa prison. C’était tout simplement inimaginable, à l’époque ! L’Eucharistie n’était pas quotidienne au sens où elle l’est aujourd’hui. Paul était l’Eucharistie : il était l’offrande et l’action de grâce !

Avec Jésus, à la suite de Paul, devenons « Eucharistie » offrons-nous à Jésus et aux autres !

Seigneur Jésus, tu ne cesses de nous le rappeler ; l’important c’est d’aimer, sans mesure, sans retour, sans exigence aucune qui ressemblerait à du marchandage. Toute la loi et les commandements sont là. Il n’y a pas de plus grand commandement. Inscris-le, profondément, dans mon cœur !

† Emmanuel Lafont

Evêque de Cayenne