Cuis-moi d’abord une galette

PREMIERE LECTURE

MARDI DE LA DIXIEME SEMAINE DE L’EGLISE – 2

 

« Mais d’abord, cuis-moi une petite galette et apporte-la-moi, ensuite, tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. »

1er livre des Rois 17,7-16.

Le « cycle d’Elie », cette portion du livre des Rois qui lui est consacrée (1 Rois 17,1 – 2 Rois 2,12), raconte la vie et le ministère du premier des grands prophètes de l’époque royale d’Israël. Aujourd’hui, le prophète a fui le pays assoiffé par une terrible sècheresse, due au péché du roi et du royaume.

Mais le Seigneur conduit et protège la vie de son prophète. Au début de la sècheresse, il l’a conduit jusqu’au torrent de Kérith et il lui envoyait sa nourriture par des corbeaux (cf. 1 Rois 17,1-6). Lorsque le torrent s’est asséché, Dieu a invité Elie à se rendre dans le pays de Sidon

Elie trouve refuge dans une petite masure où vivent une veuve et son fils. Ils n’ont plus que ce qu’il faut pour un repas, et ensuite, ils attendront la mort. Elie la femme et il l’invite à faire ce qu’elle a prévu pourvu que d’abord elle lui cuise une galette. Il lui promet qu’elle ne manquera de rien ensuite. Cette demande est d’une grande exigence, puisqu’il n’y a pas assez de farine ni d’huile pour que les trois puissent manger à leur faim. Ce faisant, le prophète teste la confiance et la foi de la veuve. Cette dernière s’exécute, cependant et prépare d’abord la galette pour le prophète. Elle constate que ni la farine ni l’huile ne s’épuisent dans leurs récipients respectifs ! Son obéissance et sa confiance ont été récompensées.

Ainsi en va-t-il pour ceux qui mettent d’abord de côté ce qui est pour Dieu – ou pour l’aumône et la charité. Ils ne manquent de rien par la suite. Au contraire, ceux qui ont la tentation de ne donner à Dieu que ce qui reste après s’être le reste, une fois qu’ils ont réalisés tous leurs besoins et tous leurs désirs – ceux là ne reçoivent pas grand-chose et sont avares dans leurs partages.

Tel est le sens de la dîme dans la Bible : au moment de la récolte, on met d’abord à part la part de Dieu. Ensuite on gère ce qui reste. « Dieu premier servi » comme l’exprimait si bien Jeanne d’Arc, cette jeune fille de 17 ans, envoyée pour sauver son pays de la domination anglaise. Ils n’ont pas le sens chrétien du don et de la primauté de Dieu et de la fraternité. C’est ainsi, que, comme le dit Jésus, ils ne donnent que de leur superflu ! » (cf. Marc 12,44).

Seigneur Jésus, apprends-moi à être généreux. A mettre d’abord de côté ce qui te revient, en termes d’aide à la vie de l’Eglise, de souci des pauvres et de partage avec ceux qui me le demandent. Et bénis ensuite tout ce que j’ai, tout ce que je fais et tout ce que je suis.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane