Quand vous priez, dites…

PREMIERE LECTURE

JEUDI DE LA ONZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE – 2

 

« Élie, dans tes prodiges ! Qui pourrait se glorifier d’être ton égal ?
Toi qui as fait revenir un homme de la mort par la parole du Très-Haut ;
toi qui as précipité des rois dans leur perte, et jeté à bas de leur couche des hommes pleins de gloire ; toi qui as entendu au Sinaï des reproches…
»

Siracide 48,1-14.

La dernière partie du livre du Siracide (chapitres 44 à 50) présente les grands hommes de l’histoire d’Israël et de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Elle est intéressante dans la mesure où elle nous dit comment quatre siècles avant la naissance de Jésus, les Juifs comprenaient leur histoire. C’était, pour eux, une histoire sainte. Ils glorifiaient Dieu pour les grands serviteurs qu’il s’était choisis.

Elie fait évidemment partie de ces derniers. Nous avons lu, depuis presque deux semaines, le récit qu’en donnent les deux livres des Rois. Il serait intéressant de voir que le Livre des Chroniques, qui reprend la même période historique que les livres des Rois, ne mentionne jamais Elie, sauf en 2 Chroniques 21,12, mais en relation avec Joram, roi de Juda ! 2 Chroniques parlent bien du roi Acab, mais uniquement dans sa relation au roi de Juda Josaphat (cf. 2 Chroniques 18,1-34). Les Chroniques ne s’intéressent pas du tout au royaume d’Israël, dans lequel vivaient Elie et Élisée. Ils ne racontent que l’histoire du royaume de Juda.

Ici, dans le Siracide, nous relisons ce qu’Elie est devenu dans la pensée juive : légendaire, une histoire de légende (on se souviendra que « légende » vient du latin « legendum », « ce qu’il faut lire » !).

Elie fut un prophète d’un zèle extrême pour Dieu : son nom trahit ce zèle jaloux : « Eliyahou » : « Mon Dieu, c’est le SEIGNEUR » (YHWH) » Il lui a donné toute sa vie et n’a cessé de combattre ceux qui trahissaient sa loi l’Alliance et son culte. Il était passionné, c’était un homme de feu et c’est dans un tourbillon de feu qu’il est monté au Ciel. La tradition disait qu’il n’était pas mort, et qu’il allait revenir annoncer la fin :  les disciples demandent à Jésus : “Pourquoi donc les maîtres de la Loi disent-ils qu’Élie doit venir d’abord ?” (Matthieu 17,10).

Pour autant, le Siracide ne cache pas les côtés sombres du prophète, et la manière rude et même meurtrière dont il a rempli sa mission. La révélation totale d’un Dieu qui n’est qu’amour et qui est vainqueur du mal par le bien n’avait pas encore pénétré les cœurs. Il faudra attendre Jésus.

Ainsi, méditant sur Elie, j’admire sa foi, son zèle, son courage et sa persévérance, son sens de la justice aussi. Je le regarde avec les yeux de Jésus, laissant de côté ce qui, par la grâce du message du Christ, est devenu caduque dans la vie de ce prophète.

Je relis ces jours-ci les Livres des Chroniques. J’ai été impressionné par le nombre des prophètes qui ont surgi pendant la période royale, en plus de ceux dont nous possédons des livres (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel et les Douze « petits » prophètes. J’en ai dénombré 12 autres au moins, sans compter des « prophètes auto-proclamés » (cf. par exemple 2 Chroniques 18,10), sans compter les « groupes de prophètes », cf. 2 Chroniques 18,5 qui en dénombre 400 d’un coup. Pouvez-vous en nommer cinq ?

Merci, Seigneur Jésus, pour les grands prophètes suscité en avance pour préparer ta venue. Apprends-nous à vivre comme eux, une foi intrépide et un grand sens de la justice, et toi, garde nous proches de toi pour que notre réponse aux situation de violence et de haine ressemble à la tienne dans sa sainteté, son humilité, ta vérité et ta miséricorde.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane