louez le Seigneur, il a délivré le malheureux

PREMIERE LECTURE

DIMANCHE DE LA DOUZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE

 

« Moi, Jérémie, j’ai entendu les menaces

de la foule : ‘Dénoncez-le, l’homme qui

voit partout la terreur !’ Mes amis

eux-mêmes guettent mes faux pas »

Jérémie 20,10-13.

Jérémie est un des prophètes les mieux connus de l’Ancien Testament, car le livre qui porte son nom ne présente pas seulement ses oracles, mais nous éclaire sur le combat intérieur qui fut le sien. Né pour la tendresse, il a été choisi par Dieu dans un moment de grande crise. Il a assisté à la ruine du royaume établi par David quatre cents ans plus tôt. Il n’a pas fait que d’y assister, il l’a annoncée, il a prévenu le peuple du Royaume de Juda et sa capitale Jérusalem que les armées de Babylone allaient venir et détruire la ville, le temple et la royauté (Cf. Jérémie 20,1-6).

Né pour la tendresse, la mission du prophète était d’annoncer la catastrophe. En butte aux chefs de son peuple, il ira jusqu’à reprocher à Dieu d’avoir abusé de sa naïveté (cf. Jérémie 20,7) et de l’avoir exposé au outrages et aux sarcasmes (Jérémie 20,8) ; il a été tenté de tout abandonner, avant de reconnaître, humblement, que ce même Dieu est juste et qu’il le délivrera du péril (Jérémie 20,11-13). Tel est le contexte politique et religieux de la Parole que nous méditons aujourd’hui.

Pourtant, sa mission lui avait été clairement exposée dès le moment de sa vocation : « Voici, aujourd’hui, je mets dans ta bouche mes paroles ! Vois : aujourd’hui je te donne autorité sur les nations et les royaumes, pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter » (Jérémie 1,9-10).

Les menaces contre sa vie que Jérémie a entendues, Jésus les a entendues également. Il a pressenti la décision de l’éliminer ; il a vu ses amis l’abandonner, par dépit ou par incompréhension devant son comportement étrange ; il s’est trouvé totalement isolé devant les menaces, au point de crier vers Dieu son désarroi. Jérémie est un précurseur du Christ, dont il annonce et personnifie le drame autant que la solitude et la prière.

Car de même que Jérémie s’est trouvé en butte à des chefs, de même Jésus : « Les Juifs allèrent chercher des pierres pour le liquider » (Jean 10,31). Quant à ses disciples, c’est peu dire que de noter leur aveuglement devant ce qui se tramait.

Le courage de Jérémie annonce celui de Jésus. Il est un appel qui nous est adressé. Tenir la vérité quoi qu’il en coûte. Accomplir notre devoir sans regarder à droite ni à gauche. Ce ne sont pas les autres qui doivent décider de notre comportement, mais le désir d’accomplir ce que Dieu nous demande.

La veulerie des chefs contre Jérémie et contre Jésus est un avertissement. Le disciple du Christ doit faire face aujourd’hui au mêmes défis. C’est le sens de l’avertissement de Jésus à ses disciples au moment de les envoyer en mission. Car c’est l’Evangile que nous proclamons aujourd’hui, en ce douzième dimanche du temps de l’Eglise : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. » (Matthieu 10,28).

Seigneur Jésus, tu as donné à Jérémie et à tant d’autres le courage de tenir bon, de garder courage et de ne pas fléchir devant le mal et devant ceux qui le promeuvent. En ce temps d’épreuve qui est un temps d’appel à la conversion, donne-nous le courage de dévoiler ce qui conduit l’humanité à la ruine et de choisir le droit et la justice. Nous te demandons humblement : Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre nous du Mal. Amen

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane