Le peuple n’avait pas respecté l’Alliance

PREMIERE LECTURE 

LUNDI DE LA DOUZIEME SEMAINE DU TEMPS DE L’EGLISE

 

«Le roi d’Assyrie s’empara de Samarie et déporta en Assyrie les fils d’Israël. Ce malheur arriva parce qu’ils avaient péché contre le Seigneur leur Dieu, lui qui les avait fait monter du pays d’Égypte et les avait arrachés au pouvoir de Pharaon, le roi des Égyptiens. Ils avaient adoré d’autres dieux et suivi les coutumes des nations que le Seigneur avait chassées devant eux.  »

2ème livre des Rois 17,5-8.13-15.18.

Prenant la suite du cycle d’Elie méditée ces deux semaines passées, la première lecture des messes de cette semaine nous fait parcourir rapidement la dernière partie du deuxième livre des Rois, dont l’histoire couvre la période qui va de 721 avant J.C. la ruine du royaume du Nord (capitale Samarie), jusqu’à 587 avant J.C., la ruine du royaume du Sud (capitale Jérusalem). On pourra relire avec profit dans nos bibles l’introduction au 2ème livre des Rois. Et si le cœur vous en dit, vous pourrez lire tranquillement les huit chapitres concernés (2 Rois 17 – 24) – treize pages environ, ce n’est pas si grave ! J’attends vos questions !

Nous sommes en 721 avant Jésus-Christ. Le royaume d’Israël, appelé aussi le royaume du Nord, vient d’être rayé de la carte par le roi d’Assyrie. Ce Royaume était né en 932 avant Jésus-Christ, de la scission des tribus du d’Israël (au Nord) et des tribus de Juda (au Sud), qui jusque-là formaient le Royaume uni construit par David en 1007 avant Jésus-Christ (cf. 2 Samuel 5,1-4 et 1 Rois 12,1-20).

Le Royaume du Nord est victime de son idolâtrie : son peuple a adoré d’autres dieux et suivi les coutumes des nations que le Seigneur avait chassées devant eux (2 Rois 17,7-8). Telle est l’explication théologique de sa défaite. Tout le Livre des Rois est construit sur ce regard théologique et religieux. En effet, le livre a été écrit bien après la destruction des deux royaumes, du Nord et du Sud. Il cherche une explication à la défaite. Chaque roi est noté sur ce critère religieux. Pratiquement aucun roi d’Israël (Samarie), ne trouve grâce devant l’historien. Par exemple Abiam [fils de Jéroboam] commet tous les péchés que son père avait commis avant lui » (1 Rois 15,3). Et ainsi de suite. Ce peuple et ses rois avaient perdu leurs repères et épousant les cultes païens, et que sans repères, il n’y a pas d’unité. Sans unité, pas de force devant l’ennemi, auquel la victoire est alors assurée.

Une autre explication se rajoute : Dieu est l’acteur de tout cela. Il avait été la source du salut et du bonheur, il est devenu celle du malheur. Pour comprendre cette explication, nous devons nous remettre dans l’esprit de l’époque. Pour Israël, le SEIGNEUR était un Dieu unique. Ils n’avaient pas encore l’esprit scientifique permettant de découvrir ce que nous appelons les « causes secondes »

Dieu est à l’origine de tout, c’est vrai, nous le croyons aujourd’hui comme hier. Cependant, il a créé la nature avec ses lois et ses règles. Ainsi, la pluie n’est pas directement causée par Dieu. C’est un phénomène naturel. L’eau des lacs, des rivières et des mers s’évaporent sous l’effet du soleil. L’eau présente dans l’air se condense et se transforme en nuages. Les gouttes d’eau se forment dans les nuages, et quand elles deviennent trop lourdes, elles tombent sous forme de pluie. C’est ce que nous appelons les causes secondes, les lois de la nature. Mais ce concept scientifique est récent. Il était beaucoup moins élaboré à l’époque biblique. D’où la croyance que tout venait de Dieu : la victoire d’une armée sur une autre était vue moins comme le fait de la force comparée des deux ou l’intelligence de leurs chefs, mais comme décidée et conduite par Dieu selon la justice ou l’iniquité du peuple.

 Tout devait donc nécessairement venir de Dieu, qui était reconnu comme juste et bon. C’était dire, en quelque sorte, que rien n’échappe totalement au contrôle de Dieu. Et comme Dieu est bon, rien de malheureux ne pouvait être totalement destructeur ; car le Dieu bon finirait bien par sortir le bien du mal. Israël avait en effet un sens moral, qui lui permettait de consentir à une certaine responsabilité dans les événements joyeux ou douloureux des personnes et des nations. Si on perdait une guerre, ce n’était pas simplement la faute de Dieu ! l’infidélité du peuple était soulignée. D’où l’idée de punition.

SI VOUS AVEZ LA CURIOSITE DE LIRE LA FIN DU CHAPITRE 17 (versets 24-40), vous connaitrez l’origine des SAMARITAINS dont il est souvent question dans les Evangiles (cf. Luc 9,51-55 ; 10,29-37 ; Jean 4,1-42).

Seigneur Jésus, je sais bien que nos fautes et nos erreurs ont toujours des conséquences mauvaises, pour et pour le peuple dont je fais partie. Ton jugement nous indique ce qui est mauvais, ta « colère » nous manifeste ce que tu n’aimes pas. Mais je sais, et je crois de tout mon cœur que ce que tu souhaites pour moi et pour nous tous, c’est le bonheur ! C’est pour notre bonheur que tu as donné ta vie pour nous. Donne-moi le courage de renoncer à tout ce qui fait du mal, à moi, à mon peuple et à l’Eglise.

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane