Son nom est Jean – Dieu fait grâce !

PREMIERE LECTURE

SOLENNITE DE LA NAISSANCE DE JEAN-BAPTISTE

 

« Le Seigneur reprit : « Ne dis pas : ‘Je ne suis qu’un enfant ! ‘Tu iras vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu diras tout ce que je t’ordonnerai. Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer, déclare le Seigneur. »

Jérémie 1,4-10.

Nous célébrons aujourd’hui la solennité de nativité de Jean-Baptiste. Avec Jésus et Notre-Dame, Jean-Baptiste est le seul dont nous célébrons d’un côté la naissance et de l’autre le retour à Dieu (29 août). Jésus a dit de lui : « Oui, je vous le dis, personne n’est plus grand que Jean parmi les fils de la femme » (Luc 7,28). Il est le précurseur, celui par lequel l’Agneau de Dieu a été révélé au monde. Il n’est pas étonnant que depuis bien longtemps l’Eglise lui réserve une fête majestueuse. Dès la veille au soir, la messe le célèbre et s’ouvre par ce beau texte sur la vocation de Jérémie.

Les récits de vocation sont toujours très importants : Abraham (Genèse 12,1-3) ; Moïse (Exode 3,1 – 4,17) ; Gédéon (Juges 6,11-34) ; Samson (Juges 13,25) ; Samuel (1 Samuel 3,2-14) ; et les prophètes (Isaïe 6,1-13). Ils donnent tous une direction à la mission offerte par le Seigneur. Chaque récit commence par un moment de crainte. Il ne s’agit pas de peur, mais d’un sentiment qui exprime le rang d’un homme devant Dieu. Toute personne mise en présence de Dieu sent immédiatement sa petitesse, en réalité son néant. De Moïse à St Pierre, en passant par Jérémie et Jean-Baptiste, tous ont ressenti le même effroi, la même indignité : « Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales… » (Luc 3,16).

Mais toujours, Dieu relève ! « N’aie pas crainte », « ne dis pas, ‘je ne suis qu’un enfant !’ » (Jérémie 1,7). Le Dieu qui appelle ne sème pas la crainte mais la confiance. « Il n’y a pas de crainte dans l’amour, dit saint Jean, l’amour parfait chasse la crainte » (1 Jean 4,18). Comme il serait bon que nous tous, qui avons été appelés par le Seigneur, nous puissions témoigner de la vérité de la promesse de Dieu : à celui qu’il appelle, il donne toute sa puissance, toute sa grâce, toute sa protection !

Lorsque Dieu vient à la rencontre de quelqu’un, il devient clair que tout a déjà été donné, que Dieu a voulu cette personne depuis toujours. « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais… » (Jérémie 1,5). Paul, l’apôtre des nations a pu écrire de même : « mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère ; dans sa grâce, il m’a appelé, et il a jugé bon révéler en moi son fils » (Galates 1,15-16).

 

Enfin, la mission d’un prophète ne se présente jamais comme une mission de tout repos : « Voici, je mets dans ta bouche mes paroles ! Vois : aujourd’hui, je te donne autorité sur les nations et les royaumes, pour arracher et renverser, pour détruire et démolir, pour bâtir et planter » (Jérémie 1,9-10). Sa mission n’est pas religieuse au sens étroit du terme. Le prophète n’est pas un homme de sacristie. Il connait Dieu, mais il connait également la vie de son peuple, il connait le cours politique des choses. Il intervient au nom de Dieu, dont la Parole, mise dans sa bouche, « est vivante, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur » (Hébreux 4,12).

Jérémie payera le prix fort. Il sera emmené contre son gré en exil en Égypte (Jérémie 43,4-8). Jean-Baptiste sera décapité (cf. Marc 6,17-29) et Jésus finira sur la croix. Tous seront accusés de ce mêler de ce qui ne les regarde pas. C’est vrai encore aujourd’hui.

Seigneur, toi qui appelles aujourd’hui d’autres Jean-Baptiste pour aller au-devant de toi, mets dans leur cœur suffisamment de confiance pour qu’ils te disent oui, et mets dans le cœur de tous les chrétiens, famille et autres, suffisamment de foi pour qu’ils les soutiennent et ne les découragent jamais !

† Emmanuel Lafont

Evêque de la Guyane